Projet de loi habilitant le Gouvernement Ă prendre par ordonnances des mesures pour le renforcement du dialogue social
NĂ©gociations en cours avec le gouvernementÂ
Les positions défendues par la CFTC
Pour rappel, 6 rĂ©unions bilatĂ©rales conduites par le ministĂšre du travail avec chacune des organisations syndicales et patronales reprĂ©sentatives sont programmĂ©es du 9 juin au 21 juillet. 3 thĂšmes de concertation avec 2 rĂ©unions par thĂšme. Un prĂ©cĂ©dent envoi a exposĂ© les positions dĂ©fendues par la CFTC dans le cadre des deux premiĂšres rĂ©unions de travail consacrĂ©es au premier thĂšme relatif Ă lâarticulation des normes entre accord de branche, accord dâentreprise et contrat de travail. Lâobjet de ce nouvel envoi est de faire le point sur lâavancĂ©e des concertations concernant le second thĂšme. ThĂšme consacrĂ© Ă la simplification et au renforcement du dialogue Ă©conomique et social dans lâentreprise.
Les principaux sujets abordés par le gouvernement sont :
- La mise en place dâune instance unique de reprĂ©sentation reprenant lâensemble des attributions des comitĂ©s dâentreprises, dĂ©lĂ©guĂ©s du personnel et CHSCT mise en place dans toutes les entreprises sans limitation de plafond.Â
- la possibilitĂ© dâintĂ©grer par accord dâentreprise le dĂ©lĂ©guĂ© syndical au sein de lâinstance issue du regroupement des IRP.
- la gĂ©nĂ©ralisation de l âaccord majoritaire et lâouverture au droit Ă rĂ©fĂ©rendum pour lâemployeur.
- MISE EN PLACE GĂNĂRALISĂE DE LâINSTANCE UNIQUE
La CFTC alerte sur la confusion que pourrait entraĂźner cette fusion pour des reprĂ©sentants du personnel qui seraient « multi casquettes », non spĂ©cialistes, par exemple, des conditions de travail. Des mesures concrĂštes doivent donc ĂȘtre prĂ©vues pour Ă©viter cet Ă©cueil.
La CFTC peut cependant concevoir que la multiplication des structures soit susceptible, en pratique, et dans certains cas, de constituer un frein à un dialogue social de qualité.
Parce que la coordination des diffĂ©rentes instances nâest pas toujours optimale, du fait notamment de la « concurrence » que se livrent les diffĂ©rentes OS au sein de ces instances et entre elles, le regroupement des IRP actuelles peut concourir Ă limiter la dilution de lâinformation. Mieux informĂ©s et de façon plus globale, les reprĂ©sentants auraient une meilleure visibilitĂ© et, par consĂ©quent, des possibilitĂ©s dâactions plus cohĂ©rentes et plus dĂ©cisives.
Les lignes rouges de la CFTC :
- Le monopole de reprĂ©sentation au premier tour des Ă©lections doit ĂȘtre maintenu dans tous les cas de figure.
- La CFTC demande que soit prĂ©servĂ©e la possibilitĂ© de garder les instances actuelles sĂ©parĂ©es par accord collectif avec les attributions et les moyens de la lĂ©gislation actuelle. Le rejet de cette demande serait en contradiction avec lâobjectif visĂ© par ailleurs de dĂ©velopper le dialogue social Ă lâĂ©chelle de lâentreprise.Â
- Simplifier, optimiser : OUI appauvrir : NON ! La CFTC ne saurait accepter que ce regroupement dâinstances conduise Ă un appauvrissement des moyens, ce qui ne permettrait pas dâatteindre lâobjectif affichĂ© de la rĂ©forme, Ă savoir un dialogue social efficace et une reprĂ©sentation adĂ©quate de la collectivitĂ© de travail.Â
- Pour la CFTC, lâinstance devrait obligatoirement comporter une commission hygiĂšne, sĂ©curitĂ© et conditions de travail. Afin que la capacitĂ© dâester en justice demeure, la commission pourrait demander Ă lâinstance unique dâengager une procĂ©dure judiciaire. Lâinstance unique engagerait alors la procĂ©dure au nom de la commission.
- La CFTC demande la conservation du droit dâalerte des membres du CHSCT et de la rĂ©union en urgence des membres en cas de droit de retrait. Le droit d’alerte en matiĂšre de santĂ© publique et d’environnement doit Ă©galement ĂȘtre conservĂ©.
- Sâagissant des expertises, la CFTC peut concevoir un financement paritaire (cofinancement) quand il est question notamment des orientations stratĂ©giques de lâentreprise. En revanche, nous estimons que, dans le cadre des recours Ă lâexpertise en cas de risque grave constatĂ© dans lâentreprise, les frais engendrĂ©s par celle-ci doivent ĂȘtre supportĂ©s en totalitĂ© par lâemployeur. Plus globalement, elle demande que la taille de lâentreprise soit prise en compte, du fait de la grande disparitĂ© des budgets allouĂ©s aux instances.
- Un effort doit ĂȘtre fait concernant la formation des reprĂ©sentants du personnel, sur leurs prĂ©rogatives santĂ©, sĂ©curitĂ© et conditions de travail, notamment en la renforçant sur les sujets de prĂ©vention des risques psychosociaux, comme câest dĂ©jĂ le cas dans la fonction publique territoriale, notamment oĂč il existe une formation supplĂ©mentaire de deux jours obligatoire sur le sujet.
Vers une co-décision à la française ?
La CFTC ne conçoit la possibilitĂ© dâune fusion des IRP que si cette derniĂšre conduit Ă un renforcement de la capacitĂ© des reprĂ©sentants du personnel Ă peser sur les orientations stratĂ©giques de lâentreprise.Â
Sans aller jusquâĂ la cogestion Ă lâallemande, cette question de la formalisation de solutions alternatives proposĂ©es par cette instance unique doit donc ĂȘtre renforcĂ©e. CâĂ©tait le cĆur de la loi Auroux de 1982 sur le CE : elle nâa jamais Ă©tĂ© comprise, ni appliquĂ©e (dixit Jean Auroux).
Pour ce faire, nous proposons, dans lâhypothĂšse oĂč le gouvernement maintient son projet de fusion des IRP, que cette derniĂšre sâaccompagne dâun Ă©largissement des domaines de consultations nĂ©cessitant un avis conforme du Conseil dâentreprise. Il sâagirait ainsi de donner aux Ă©lus un vĂ©ritable pouvoir dâopposition Ă certaines dĂ©cisions patronales, notamment lorsque lâemploi (rĂ©organisation, licenciements, reclassements, ) est en question.
- INTĂGRER PAR ACCORD DâENTREPRISE LE DĂLĂGUĂ SYNDICAL AU SEIN DE LâINSTANCE ISSUE DU REGROUPEMENT DES IRP
Au-delĂ du fait dâintĂ©grer ou pas la nĂ©gociation Ă lâinstance unique, se pose la question du « statut » ou « profil » du nĂ©gociateur. En rĂ©action aux propositions formulĂ©es par le ministĂšre, la CFTC distingue les situations suivantes :
En présence de DS :
Position de principe : La CFTC pourrait accepter que, par accord, les dĂ©lĂ©guĂ©s syndicaux intĂšgrent lâinstance unique. Cette derniĂšre pourrait dĂ©terminer avec lâemployeur lâagenda social de lâentreprise pour les nĂ©gociations que mĂšneront les DS (qui restent maitre de la signature de lâaccord).
Ligne rouge : Quand ils sont prĂ©sents dans l âentreprise, les DS demeurent les seuls habilitĂ©s Ă nĂ©gocier et conclure les accords dâentreprises. Le dĂ©lĂ©guĂ© syndical serait de droit reprĂ©sentant syndical (RS) Ă lâinstance unique.
Conditions dâacceptation : Les DS doivent conserver leurs crĂ©dits dâheures spĂ©cifiques distinctes de celui des autres Ă©lus. Â
En lâabsence de DS :
La CFTC ne saurait accepter que les conditions dans lesquelles lâinstance unique pourrait exercer les compĂ©tences de nĂ©gociation dâaccords et de conventions conduisent Ă exclure de la nĂ©gociation les organisations syndicales (acteur historique de la nĂ©gociation). Seul un acteur mandatĂ© (sous une quelconque forme) par une organisation syndicale reprĂ©sentative doit pouvoir nĂ©gocier !
- CONCERNANT LâACCORD MAJORITAIRE ET LE RĂFĂRENDUMÂ
Position de principe : la CFTC nâest pas opposĂ©e Ă lâaccord majoritaire sous rĂ©serve quâil ne bloque pas le dialogue social, dâoĂč lâintroduction du droit au rĂ©fĂ©rendum pour les accords minoritaires signĂ©s Ă 30%
Conditions dâacceptation : la CFTC rejette toutes propositions conduisant Ă la possibilitĂ© dâun rĂ©fĂ©rendum Ă lâinitiative exclusive de lâemployeur !