Devant les micros et caméras au sortir de Matignon, l’autre réformateur qui s’est présenté pour lire le compte rendu de l’intersyndicale, c’est le président de la CFTC, (Confédération des Travailleurs chrétiens). Cyril Chabanier, à la tête du 5ème syndicat représentatif aujourd’hui avec 140 000 adhérents selon le chiffre officiel. Devant les sept autres patrons de syndicats qui venait de quitter les discussions avec Elisabeth Borne, il a déclaré :« C’est forcément un échec. Ca a servi à ce qu’on redise nos différentes propositions, que cette réforme n’est pas juste, mais malheureusement la Première ministre a dit que pour elle c’était nécessaire, et donc la réunion s’est terminée comme ça ».
Cyril Chabanier, partait ensuite vers son rendez-vous suivant pour la CFTC : la signature d’une charte sociale pour les personnels des prochains Jeux olympiques et de la coupe du monde de rugby. L’homme a fêté ses 50 ans il y a une semaine, le 28 mars, jour de la dernière journée de mobilisation. Il a grandi aux Baux-de-Provence. Fils unique, les parents tiennent une brasserie-restaurant, et il passe tout près d’une carrière complètement différente : celle d’arbitre de tennis ! Il passe ses diplômes, monte sur la chaise d’arbitre principal dans beaucoup de tournois et se retrouve même à Roland Garros à 16 ans, en 1989 – année de la victoire de Chang (avec le service à la cuillère face à Lendl).
Président de la CFTC depuis 2019
Il n’est que juge de ligne et n’en fera finalement pas un métier. Mais il en tire beaucoup d’enseignement encore aujourd’hui. « Je n’étais pas professionnel, on me l’avait proposé mais j’avais refusé à l’époque parce que je ne voulais pas quitter ma famille, j’étais amoureux, tout ça, se souvient Cyril Chabanier. À Roland Garros, vous ne pouvez faire que juge de ligne si vous n’êtes pas professionnel. Ça m’a apporté beaucoup de choses dans mon travail d’aujourd’hui parce que quand vous êtes sur le central, dans un stade avec 15 000 personnes qui, parce que vous avez dit que la balle était faute au chouchou du public, vous traite de tous les noms d’oiseaux pendant 15 minutes, ça vous apprend à prendre une décision et savoir être médiateur quand il y a un peu de brouille entre les joueurs. »
Cyril Chabanier sera juge de ligne trois années de suite à Roland Garros. Le reste de l’année, il étudie finalement l’économie une maitrise puis un DESS d’Ingénierie d’enquête en Sciences sociales. Il entre dans la foulée aux Allocations familiales en Région parisienne. Puis à la CNAF en 2000 comme statisticien. Très vite élu au Comité d’entreprise, il est ensuite délégué syndical et monte dans les arcanes du syndicat jusqu’à en devenir président en 2019.
« Je reste persuadé que nos valeurs sont un avantage et non un inconvénient, encore faut-il savoir les vendre ! »
Cyril Chabanier, président de la CFTCà franceinfo
La CFDT et la CFTC ont évidemment une colonne vertébrale commune puisque la CFDT est née de la scission avec la CFTC en 1964. L’un et l’autre sont universalistes et défendent un système universel de retraite par points. La différence réside dans le C de CFTC pour « chrétien », que Cyril Chabanier assume totalement. « Je me suis tourné vers la CFTC parce qu’il y a ces valeurs qui sont des inspirations sociales chrétiennes, on est réformistes, constructifs. Sur les conciliations des temps de vie, la CFTC a eu quinze ans d’avance, grâce à nos valeurs. Sur l’utilité sociale, on a eu huit ans d’avance. Il y a un gros travail de communication à faire, je m’y efforce et c’est pour ça que j’ai été élu, pour avoir un côté plus dynamique, plus jeune, et mettre ces choses-là en avant. »
L’OM pour Chabanier, le FC Nantes pour Berger
La CFTC, en revanche, évite de se prononcer sur les sujets de société comme le mariage pour tous. Lui-même refuse de donner sa position personnelle pour ne pas impliquer son syndicat mais insiste sur le fait qu’il se considérait avant tout comme « progressiste ».
Son accent chantant en témoigne : Cyril Chabanier revendique aussi ses origines du sud. A Paris la semaine « pour le boulot », mais près d’Avignon dès qu’il le peut le week-end où il vit avec sa femme et les deux enfants de celle-ci. Preuve de cet attachement à sa région, il nous a rappelés quelques temps après l’interview pour une « information capitale » à laquelle il tenait absolument. « Dites, s’il vous plait que je suis aussi supporter de l’OM ! ». Le sujet revient régulièrement durant les pauses de l’intersyndicale. Une vraie différence, pour le coup, avec Laurent Berger, supporter historique du FC Nantes.