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Le PDG de Xerox reprend son poste deux jours après l’avoir quitté

Combattue par l’actionnaire activiste Carl Icahn, la vente de Xerox à Fujifilm au sein d’une coentreprise commune est incertaine.

« Plus incroyable que ce que vous voyez dans les séries télévisées comme House of Cards ». Dans les communiqués de Carl Icahn, l’expression décrit le comportement de Fujifilm envers le fabricant d’imprimantes Xerox alors que l’actionnaire activiste s’oppose à un projet d’approfondissement d’une coentreprise dans lequel le Japonais avalerait l’Américain.

Combatif, il avait même obtenu, mardi 1er mai, la démission du PDG, Jeff Jacobson. Mais, dans un coup d’éclat scénaristique dont auraient été capables les personnages du thriller politique à succès, la direction de Xerox a été reconduite par le conseil d’administration moins de deux jours plus tard.

Les raisons de ce revirement restent floues. Pour les administrateurs de l’entreprise aux 7,2 milliards de dollars de capitalisation, il s’imposait. Le duo d’actionnaires formé par Carl Icahn et Darwin Deason n’a pas abandonné les poursuites contre la gouvernance de Xerox dans les temps prévus par l’accord qui actait, en échange, la démission du patron et la nomination d’un proche de Carl Icahn à la direction du conseil d’administration .

La justice américaine bloque la vente de Xerox à Fujifilm

Selon les activistes, les membres du « board » ne suivent que leur propre intérêt alors que l’accord impliquait également le départ de plusieurs d’entre eux.

Quelques jours avant la signature de cet accord devenu caduque, un tribunal de New-York avait pourtant renforcé la position de Carl Icahn et Darwin Deason en bloquant temporairement la vente de Xerox à Fujifilm à l’origine du litige entre les activistes et la direction.

Dans son délibéré, le juge notait que Jeff Jacobson était « désespérément en situation de conflit d’intérêts durant les négociations autour d’une transaction stratégique dont le résultat aboutit à la création d’une entité commune (la future coentreprise Fujifilm-Xerox, NDLR) dont il pourrait devenir PDG ».

1,7 milliard de dollars d’économie et 10.000 emplois en jeu

Carl Icahn et son partenaire, avec qui il possède environ 15 % du capital de Xerox, estiment que les actionnaires sortiront lésés de cette vente à Fujifilm, qui sous-évaluerait l’entreprise américaine longtemps réputée pour ses brevets. Elle a réalisé un chiffre d’affaires de 10,2 milliards de dollars en 2017, en chute de 4,7 %. Sur un marché structurellement en baisse, Xerox voit son salut chez Fujifilm qui cherche de son côté à rationaliser les coûts de son activité reprographie pour se concentrer sur d’autres secteurs plus porteurs.

En présentant  le futur ensemble contrôlé à 50,1 % par le Japonais , les deux sociétés assuraient en janvier dernier qu’ils comptaient économiser 1,7 milliard de dollars d’ici 2022 en mutualisant leurs forces en recherche, en production et en logistique.

Ce plan inclut la suppression de 10.000 emplois. Mais l’avenir de l’opération est plus que jamais incertain. Dans son court communiqué reconduisant le PDG, Xerox ne mentionne pas la vente en cours. A Tokyo, Fujifilm se prépare à faire appel du blocage imposé par la justice new-yorkaise.

Florian Dèbes
Les Echos

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