Les relations entre CGT et CFTC (1948-1962)

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  • Publication publiĂ©e :juillet 1, 2017
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AUTEUR

Frank Georgi

MaĂźtre de confĂ©rences, UniversitĂ© de Paris I Centre d’histoire sociale du xxe siĂšcle

L’histoire des relations entre CGT et CFTC au cours des annĂ©es 1950 reste mal connue. Pour la CGT, l’enjeu n’est pas dĂ©cisif : la guerre froide est d’abord marquĂ©e par la scission FO et l’affrontement avec l’État. Pour la CFTC en revanche, il s’agit d’une question de survie. Comme en 1936, la dynamique de rĂ©unification syndicale, au sortir de la guerre, a tendu vers l’absorption pure et simple du syndicalisme chrĂ©tien dans une centrale unique. Pour prĂ©server son identitĂ©, la CFTC a proposĂ© une structure quasi-permanente de concertation et d’action communes, le « cartel interconfĂ©dĂ©ral d’entente ». Cette formule est rejetĂ©e dĂšs septembre 1944 par la CGT au profit de l’unitĂ© organique, c’est-Ă -dire de la fusion pure et simple. Les relations entre les deux centrales se dĂ©gradent rapidement. La CFTC, traitĂ©e d’« organisation fantĂŽme », craint de se voir imposer le monopole syndical, pendant que BenoĂźt Frachon, au CongrĂšs d’avril 1946, parle de « liquider la division sur le lieu mĂȘme du travail ». La scission de dĂ©cembre 1947, pour la CFTC, modifie profondĂ©ment la donne. Si son existence mĂȘme n’est plus directement menacĂ©e, la question de ses relations avec la grande rivale est au cƓur de la conception (des conceptions ?) du syndicalisme qu’elle entend promouvoir. Dans un paysage syndical recomposĂ©, le problĂšme des rapports entre CGT et CFTC se pose dĂ©sormais dans des termes nouveaux, qui s’imposent de maniĂšre durable.

Lendemains de scission : une redistribution des cartes

  • 1Les expressions entre guillemets sont extraites du rapport moral de B. Frachon pour le 27e CongrĂšs (…)
  • 2L’expression est de V. Duguet, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des mineurs ( cit., p. 9) mais on la retrouve (…)
  • 3Frachon, 27e CongrĂšs CGT,  cit., p. 18.

2Au lendemain de la scission, la question des relations avec la CFTC n’est pas une prioritĂ© pour la CGT. Au CCN de janvier 1948, le syndicalisme chrĂ©tien est absent des interventions, centrĂ©es sur la dĂ©nonciation du « crime » commis contre la classe ouvriĂšre. Mais, trĂšs rapidement, dans la nouvelle configuration syndicale, la CGT, affaiblie, ne peut plus ignorer l’existence d’une CFTC dont le poids relatif s’est mĂ©caniquement accru. Au CongrĂšs d’octobre 1948, FO et CFTC sont presque systĂ©matiquement associĂ©es. Leurs « directions nationales » sont composĂ©es de « briseurs de grĂšve patentĂ©s », une « petite poignĂ©e de traĂźtres ». Leurs organisations « ne reprĂ©sentent pas grand-chose1 ». Gaston Tessier, aux cĂŽtĂ©s de Jouhaux et Bothereau, vient Ă©couter servilement Marshall « leur donner les consignes pour dĂ©velopper leur politique de division et de trahison », Ă  l’heure oĂč un mineur polonais est « assassinĂ© par les services de Jules Moch ». Rien ne les distingue particuliĂšrement, au point que les orateurs qualifient de « scissionnistes2 » les dirigeants CFTC. Historiquement absurde, cette appellation, qui resurgit Ă  certains moments, est pourtant rĂ©vĂ©latrice. Peu importe que la CFTC ne soit pas un rameau dĂ©tachĂ© de l’arbre cĂ©gĂ©tiste : « scissionniste » est alors l’appellation infamante englobant tous les « diviseurs » de la classe ouvriĂšre. Cette dĂ©signation nouvelle n’est pas qu’un effet de contagion dans le contexte de la scission, ni seulement la traduction d’une lecture manichĂ©enne du monde dans laquelle deux camps, et deux seulement, s’affrontent. Elle prĂ©sente un avantage non nĂ©gligeable : si la CFTC est, comme FO, « scissionniste », alors l’unitĂ© Ă  (re)construire ne peut se concevoir qu’au sein de la seule organisation lĂ©gitime qu’est la CGT. Selon les cĂ©gĂ©tistes, la classe ouvriĂšre elle-mĂȘme a dĂ©jĂ  montrĂ© la voie. Elle est « en train de liquider la scission » dans les luttes oĂč travailleurs chrĂ©tiens et FO, et mĂȘme, « un peu partout », militants et organisations, « collaborent fraternellement » avec la CGT3. Cette unitĂ© d’action Ă  la base prĂ©pare l’unitĂ© organique qui se fera lorsque tous les travailleurs trompĂ©s par leurs mauvais bergers comprendront que leur place est Ă  la CGT, leur « maison commune ».

3Comment la CFTC rĂ©agit-elle ? Dans un premier temps, la crĂ©ation de la CGT-FO cristallise l’attention et les espoirs. Dans le contexte de guerre froide, FO et CFTC se retrouvent dans le mĂȘme camp, celui du « monde libre », et, sur le plan national, dans celui de la TroisiĂšme force. Certains minoritaires CFTC voient mĂȘme dans la naissance de FO l’occasion de dĂ©passer le syndicalisme chrĂ©tien en constituant avec elle une force syndicale socialisante et dĂ©mocratique. La majoritĂ© rejette cette perspective, au nom du maintien de l’identitĂ© chrĂ©tienne. FO apparaĂźt cependant comme un partenaire privilĂ©gié : avec elle, la CFTC constitue en mai 1948 un cartel interconfĂ©dĂ©ral pour le pouvoir d’achat par la baisse des prix, et non, comme le voudrait la CGT, par une hausse gĂ©nĂ©rale des salaires, jugĂ©e dĂ©magogique et dangereuse. Mais la centrale chrĂ©tienne, qui, initialement, s’était adressĂ©e Ă  l’ensemble des confĂ©dĂ©rations, ne s’interdit pas par principe d’entretenir des relations – et d’envisager des actions – avec la CGT. C’est prĂ©cisĂ©ment sur cette question que FO, au bout d’un an, dĂ©cide de rompre. Il n’y aura pas, malgrĂ© plusieurs tentatives avortĂ©es, de recomposition syndicale autour d’un axe « libre » CFTC-FO. Outre le fossĂ© culturel qui sĂ©pare les militants des deux organisations, la question des rapports avec la CGT demeure une pomme de discorde constante. La CFTC entend garder la pleine libertĂ© de ses relations avec les autres centrales.

4Reste que pour les militants chrĂ©tiens, la CGT d’aprĂšs 1947 pose des problĂšmes spĂ©cifiques. Bien qu’affaiblie, elle demeure la principale organisation ouvriĂšre et ne peut ĂȘtre ignorĂ©e. Mais ses liens Ă©troits avec le PCF obligent Ă  une sĂ©rie de prĂ©cautions. La CFTC puise d’abord dans l’hĂ©ritage de l’entre-deux-guerres. Avec la CGTU comme avec la CGT, il Ă©tait parfois nĂ©cessaire de mener une action commune, sous la forme d’un « cartel intersyndical ». Celui-ci supposait des revendications « lĂ©gitimes », exclusivement professionnelles. L’unitĂ© d’action, strictement limitĂ©e dans sa durĂ©e et dans son objet, exigeait une reprĂ©sentation Ă©quilibrĂ©e des organisations, Ă  l’échelle de l’entreprise, exceptionnellement Ă  celle des fĂ©dĂ©rations. À la LibĂ©ration, la CFTC Ă©tait allĂ©e beaucoup plus loin avec le cartel interconfĂ©dĂ©ral d’entente. À partir de 1948, elle se replie sur les pratiques d’avant-guerre, tout en regrettant officiellement que la politisation de la CGT empĂȘche tout travail commun. Elle clarifie sa position au CongrĂšs de juin 1949, en se rĂ©fĂ©rant aux « principes traditionnels du syndicalisme chrĂ©tien » : si une unitĂ© d’action globale est « impossible », la conclusion d’accords Ă  l’échelle d’organisations confĂ©dĂ©rĂ©es est autorisĂ©e, Ă  condition que les principes rappelĂ©s plus haut soient respectĂ©s, et que l’unitĂ© d’action se dĂ©roule « dans le cadre des directives confĂ©dĂ©rales, sous la responsabilitĂ© des fĂ©dĂ©rations ». Les UD sont invitĂ©es Ă  la plus grande prudence.

5Sur cette question, la position de la minoritĂ© CFTC diffĂšre peu de celle de la majoritĂ©. Si les organisations qui s’en rĂ©clament pratiquent plus frĂ©quemment l’unitĂ© d’action, ce n’est pas en raison de leur orientation nettement plus Ă  gauche. Les secteurs ouvriers oĂč tentent de s’implanter les « minoritaires » sont des fiefs de la CGT, et leur souci de mener une politique offensive les conduit Ă  rechercher des alliances qui leur confĂšrent aux yeux des travailleurs un brevet de combativitĂ© et leur offrent une tribune. Cette proximitĂ© de fait pousse les minoritaires Ă  produire des analyses beaucoup plus approfondies que celles de la confĂ©dĂ©ration sur l’unitĂ© d’action. Par ailleurs, marquer clairement une opposition idĂ©ologique avec la CGT est indispensable pour un syndicalisme qui se cherche, alors que les majoritaires se rĂ©fĂšrent sans Ă©tat d’ñme aux principes du syndicalisme chrĂ©tien. Enfin, les minoritaires sont souvent accusĂ©s, de l’extĂ©rieur comme de l’intĂ©rieur, de sympathies marxistes ou « progressistes », image dont ils entendent se dĂ©faire.

6D’oĂč, dĂšs dĂ©cembre 1948, une premiĂšre Ă©tude sous forme de « lettre aux militants », publiĂ©e dans le bulletin Reconstruction, et trĂšs rĂ©guliĂšrement rappelĂ©e ensuite. Ce texte important est dĂ» Ă  Charles Savouillan, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la MĂ©tallurgie CFTC, cofondateur et directeur de la publication. Ce jeune militant, issu de la rĂ©sistance savoyarde, Ă©tait au printemps 1945 trĂšs favorable Ă  l’unitĂ© syndicale. Mais sa propre expĂ©rience des relations interfĂ©dĂ©rales, comme la frĂ©quentation de Paul Vignaux et Fernand Hennebicq, hostiles Ă  toute mystique unitaire, l’amĂšnent rapidement Ă  rĂ©viser ses conceptions. Sur cette question « vitale », la revue parle d’une seule voix. Il faut dĂ©passer les rĂ©actions purement sentimentales, et analyser sĂ©rieusement le problĂšme. Il ne s’agit pas de refuser l’unitĂ© d’action par principe, ni davantage de la rechercher en toute circonstance. Face Ă  la puissance des adversaires du mouvement ouvrier, il est des cas oĂč l’alliance avec la CGT s’impose. Mais celle-ci n’est pas un syndicat comme un autre. Son objectif stratĂ©gique est d’absorber ses concurrents. Sa tactique s’adapte aux circonstances. AprĂšs avoir recherchĂ© la fusion, la CGT de 1948 revient Ă  l’unitĂ© d’action, mais Ă  la base, et en continuant Ă  dĂ©noncer les dirigeants « traĂźtres » de la centrale chrĂ©tienne. Cette attitude ne se comprend que si l’on garde Ă  l’esprit que ses responsables ont Ă©tĂ© formĂ©s Ă  l’école du PCF. La politique d’« absorption par dissociation », Ă  travers la recherche systĂ©matique de l’unitĂ© d’action (« l’action commune rapproche ») et la stigmatisation parallĂšle des dirigeants CFTC, vise Ă  sĂ©parer la base du sommet, et Ă  prĂ©parer l’unitĂ©, par la base, dans la CGT. Elle n’est qu’une reprise de la tactique bolchevique du « front unique Ă  la base ». Dans ces conditions, il ne saurait ĂȘtre question, par sentimentalisme unitaire, de s’associer Ă  n’importe quelle action. Il faut bien comprendre ce qu’est la CGT, la resituer dans le cadre de la « machine communiste » internationale. Se laisser aveugler par les qualitĂ©s humaines du cĂ©gĂ©tiste, faire de l’unitĂ© d’action une « habitude » ou, pire, un « idĂ©al », constituerait une erreur aux consĂ©quences dramatiques.

7Que faire alors, quand l’action commune apparaĂźt nĂ©cessaire ? « Lorsqu’on veut manger la soupe avec le Diable, il faut avoir une grande cuillĂšre », rappelle Savouillan. Il convient donc d’approfondir les valeurs et objectifs propres de la CFTC, de maniĂšre Ă  ce que ses militants cessent de rĂ©agir uniquement en fonction de l’attitude de la CGT. Ce premier texte prĂ©sente les positions de fond. Elles ne varieront plus. Les aspects pratiques sont abordĂ©s ensuite. LĂ  non plus, pas de diffĂ©rence fondamentale avec les positions confĂ©dĂ©rales. Pour maintenir l’unitĂ© d’action sur le strict terrain corporatif, il convient de la pratiquer Ă  l’échelle des syndicats, sous contrĂŽle des fĂ©dĂ©rations, et Ă  l’échelle fĂ©dĂ©rale. Toute action commune interprofessionnelle (UD et surtout ConfĂ©dĂ©ration) est potentiellement dangereuse, en ce qu’elle brouille la distinction entre politique et syndical.

8L’apport spĂ©cifique de Reconstruction tient Ă  la perspective globale du groupe : se situer Ă  l’intĂ©rieur du « mouvement ouvrier » Ă  « reconstruire », et non d’un point de vue extĂ©rieur qui serait celui du catholicisme social. Sa condamnation du communisme ne s’exprime pas au nom de valeurs religieuses, mais au nom de la dĂ©mocratie et du rejet de la « dĂ©viation totalitaire » du mouvement ouvrier. L’approche politique et non « sentimentale » de ses animateurs les amĂšne Ă  approfondir leur connaissance du marxisme et de l’histoire ouvriĂšre. L’usage d’un vocabulaire « de classe » Ă©tranger Ă  la tradition chrĂ©tienne, l’appel Ă  l’action dure, y compris avec la CGT, conduisent bien des observateurs Ă  assimiler Reconstruction au « progressisme » chrĂ©tien et au philo-communisme d’inspiration religieuse. Ses militants doivent alors rappeler qu’ils n’ont « rien de commun » avec le groupe « chrĂ©tien progressiste », tant sur le plan philosophique (rapports entre christianisme et communisme, interprĂ©tation de l’Histoire, condamnation du « marxisme stalinien ») que politique (apprĂ©ciation du rĂŽle des partis communistes et de l’URSS, anti-totalitarisme). La critique de l’idĂ©ologie « progressiste » menĂ©e par Reconstruction constitue le pendant thĂ©orique des mises en garde contre les dĂ©rives potentielles de l’action commune.

  • 4Clarus, « La crise du syndicalisme chrĂ©tien », L’Est rĂ©publicain, 8 juin 1949. L’article original (…)
  • 5« La CFTC a choisi la main tendue par les staliniens », Le Rassemblement ouvrier, 11 juin 1949.

9La « campagne » de presse, au moment oĂč la CFTC s’éloigne de FO et semble se rapprocher de la CGT, ne se contente pas de mettre en cause la minorité : c’est toute la centrale qui est visĂ©e. À la veille du CongrĂšs de juin 1949, un article, largement repris, dĂ©nonce le « noyautage » de l’organisation par le PCF4. Seule une Ă©puration, « aussi haut, aussi ferme qu’il sera nĂ©cessaire » peut encore sauver le syndicalisme chrĂ©tien. Les rĂ©ponses de Tessier et Vignaux, le refus d’une action commune interconfĂ©dĂ©rale et la dĂ©nonciation du « totalitarisme » ne suffisent pas Ă  dĂ©samorcer les critiques. Jacques Fauvet, dans l’Est rĂ©publicain du 7 juin, peut titrer sans nuances : « La CFTC dĂ©laisse FO pour la CGT ». À gauche, Le Populaire condamne la naĂŻvetĂ© de chrĂ©tiens qui se lancent dans l’aventure de l’unitĂ© d’action, oĂč les communistes sont experts. À droite, Le Rassemblement ouvrier, organe des groupes d’entreprise du RPF, est beaucoup plus violent : les « pauvres naĂŻfs » MRP attachĂ©s Ă  leur « sinĂ©cures » (Tessier, Bouladoux) et les « petits salauds » noyauteurs (Hennebicq, Vignaux) jettent les syndicats chrĂ©tiens « dans les bras communistes ». Il appelle en consĂ©quence les « compagnons » membres de la CFTC Ă  boycotter « toute consigne d’unitĂ© d’action » Ă©manant de leurs « dirigeants noyauteurs sĂ©paratistes » et Ă  prĂ©parer le « grand rassemblement syndical anti-stalinien5 ».

10Au total, donc, cĂŽtĂ© CFTC, une position initiale assez dĂ©licate oĂč elle tente de maintenir un fragile Ă©quilibre entre nĂ©cessitĂ©s syndicales et rĂ©alitĂ©s politiques. Pour ses responsables, majoritaires et minoritaires, la Guerre froide ne saurait Ă  elle seule dĂ©terminer la nature des relations intersyndicales. Mais elle n’en constitue pas moins une donnĂ©e fondamentale. D’oĂč une situation Ă  la fois enviable – la CFTC se retrouve en position « charniĂšre » entre FO et CGT, et libre d’agir au coup par coup – et trĂšs inconfortable : difficile Ă  expliquer, cette attitude prĂȘte le flanc aux critiques symĂ©triques de la CGT et de ses ennemis. La complexitĂ© s’accroĂźt au cours des annĂ©es 1950 avec les divisions de plus en plus apparentes entre la majoritĂ© et une minoritĂ© qui s’affirme en gauchissant discours et pratiques de la CFTC, tout en maintenant fermement sa condamnation du communisme et du « progressisme ».

Au cƓur de la guerre froide

  • 6CommuniquĂ© confĂ©dĂ©ral CFTC, 7 oct. 1949, Arch. conf. CFDT, 4H6.
  • 7« Appel aux travailleurs », adoptĂ© par le CCN, 17 novembre 1949, Arch. IHS-CGT.

11L’automne 1949 vient confirmer les blocages du printemps. La CFTC propose Ă  toutes les centrales la constitution d’un « cartel » national fondĂ© sur un « programme commun » de revendications, enserrĂ© dans un « cadre rigide » interdisant « toute possibilitĂ© de dĂ©viation6 ». Cette dĂ©marche a tout d’un vƓu pieux. La CGT, qui juge le projet peu mobilisateur, transmet des contre-propositions jugĂ©es inacceptables. De plus, la CFTC, par crainte d’un dĂ©bordement, ne conçoit cette unitĂ© d’action qu’« étendue Ă  l’ensemble des confĂ©dĂ©rations ». Le refus prĂ©visible de FO tue dans l’Ɠuf l’initiative, donnant Ă  la CGT l’occasion de dĂ©noncer les « combinaisons subalternes » qui empĂȘchent de complĂ©ter au sommet le mouvement unitaire initiĂ© par les travailleurs7.

  • 8RĂ©solution du CCN, 14 avril 1950, Arch. IHS-CGT.
  • 9Ibidem.
  • 10Reproduit dans L’HumanitĂ©, 4 avril 1950.
  • 11L’HumanitĂ©, 5 avril 1950.
  • 12CitĂ© dans Reconstruction, juin-juillet 1950, p. 5.

12La CGT poursuit en effet sa politique de front unique Ă  la base. Ainsi, devant le CCN de novembre 1949, une dĂ©lĂ©gation d’employĂ©s de banque en grĂšve monte Ă  la tribune, et c’est un militant se disant CFTC qui lit le communiquĂ© commun, alors mĂȘme que l’attitude anti-unitaire des dirigeants chrĂ©tiens est condamnĂ©e. Tirant le bilan des grĂšves rĂ©centes, le CCN d’avril 1950 reprend la mĂȘme thĂ©matique sous une forme plus violente : « Les manƓuvres de division et de trahison des dirigeants nationaux chrĂ©tiens et FO n’ont pu empĂȘcher leurs adhĂ©rents de rĂ©aliser l’unitĂ©8. » Mais un Ă©lĂ©ment d’autocritique apparaĂźt : ces manƓuvres « ont Ă©tĂ© dĂ©jouĂ©es partout oĂč nos militants ont mis au premier plan l’unitĂ© Ă  l’entreprise entre les travailleurs. Mais elles ont pu briser quelques grĂšves oĂč l’unitĂ©, purement formelle, Ă©tait limitĂ©e aux directions d’organisation ». La conclusion est sans ambiguĂŻté : « Le CCN appelle tous les travailleurs Ă  rejoindre en masse les rangs de la seule confĂ©dĂ©ration indĂ©pendante et libre. LĂ  et lĂ  seulement est le chemin de l’unitĂ© ouvriĂšre, le chemin de l’unitĂ© syndicale [
]9. » Ce durcissement fait Ă©cho Ă  des interventions faites quelques jours auparavant lors du CongrĂšs du PCF. E. Fajon y rappelait brutalement les « principes Ă©lĂ©mentaires et constants du front unique » : l’action commune ne doit pas faire oublier « la lutte intransigeante » contre « les reprĂ©sentants de l’ennemi dans le mouvement ouvrier10 ». M. Paul, rendant compte de la grĂšve de l’éclairage, confessait ses propres « erreurs » en tant que dirigeant CGT, rĂ©affirmait l’obligation de se battre « fermement pour la ligne et sur la ligne du Parti », et la nĂ©cessitĂ© dans l’action commune de s’appuyer sur la base FO et CFTC en dĂ©nonçant leurs dirigeants11. Peu aprĂšs, analysant un conflit du BĂątiment Ă  Brest, Arrachard, secrĂ©taire de la FĂ©dĂ©ration CGT, dĂ©nonçait rĂ©trospectivement les dangers d’un « cartel du sommet » dans lequel son organisation avait commis l’« erreur » de « perdre sa personnalitĂ©12 ».

  • 13« Les tĂąches du CCN », 19 septembre 1950 (pour le CCN du 11 octobre), Arch. IHS-CGT.

13Ce raidissement s’accompagne en 1950 d’une prioritĂ© donnĂ©e par la CGT aux tĂąches politiques : diffusion de l’appel de Stockholm, « comitĂ©s de dĂ©fense de la paix » dans les entreprises. Paix et salaires sont indissociables, la prĂ©paration de la guerre voulue par les AmĂ©ricains expliquant la politique gouvernementale de « misĂšre » et de « rĂ©pression ». Rejet du Plan Marshall et du Pacte atlantique, victoire dans la lutte pour la « paix » (armement atomique, Indochine, CorĂ©e) sont, dans le sillage du PCF et du Kominform, devenus pour la CGT des objectifs qui conditionnent tous les autres. Dans ce combat, l’unitĂ© d’action est une « nĂ©cessitĂ© et une arme essentielle13 ».

  • 14 Bouladoux, rapport au BC, 17 septembre 1950, adressĂ© aux fĂ©dĂ©rations et UD le 27 septembre, Arc (…)
  • 15Correspondance conservĂ©e aux Arch. conf. CFDT (4H8).

14Aussi, la position de la CFTC devient plus dĂ©licate. Pourtant, aprĂšs le vote de la loi du 11 fĂ©vrier 1950 sur les conventions collectives et la libertĂ© de nĂ©gociation, les grandes grĂšves unitaires de la mĂ©tallurgie parisienne s’étaient dans l’ensemble dĂ©roulĂ©es sur des objectifs strictement professionnels. Mais le durcissement du printemps 1950 amĂšne la CFTC Ă  une attitude de retrait trĂšs nette. À l’automne, elle constate que les cas d’unitĂ© d’action sont en diminution14. La CGT chercherait Ă  entraĂźner des UD dans l’action commune sur des problĂšmes salariaux, ce qui, pour la confĂ©dĂ©ration, est inacceptable. Au-delĂ , Maurice Bouladoux s’interroge « trĂšs sĂ©rieusement » sur la possibilitĂ© d’une unitĂ© d’action, « mĂȘme au plan professionnel », avec une organisation qui « abreuve d’injures » les dirigeants CFTC. Il dĂ©nonce l’influence du MPF dans les dĂ©rives unitaires, et envisage l’action commune avec FO seule. Le choix du partenaire est Ă©galement liĂ© Ă  une stratĂ©gie syndicale : l’attitude « dĂ©magogique » de la CGT sert de prĂ©texte au patronat et au gouvernement pour refuser de nĂ©gocier. La tentation d’un renversement d’alliances est donc indissociable d’une tentative de rĂ©orientation de la CFTC vers un syndicalisme modĂ©rĂ©, plus conforme Ă  sa tradition. Elle renvoie bien, cette fois, Ă  une opposition nette entre majoritaires et minoritaires. Ceux-ci rĂ©agissent vivement Ă  cette circulaire, liant en sens inverse le choix d’un syndicalisme de lutte Ă  la nĂ©cessitĂ© d’actions communes avec la CGT15.

  • 16Reconstruction, 41, septembre/octobre, 1951.

15Mais pour eux, les garde-fous affichĂ©s par Reconstruction restent plus justifiĂ©s que jamais. On constate mĂȘme, Ă  l’automne 1951, un curieux chassĂ©-croisĂ©. Lorsque la ConfĂ©dĂ©ration, par souci de faire obstacle aux revendications jugĂ©es inflationnistes et dĂ©magogiques de la CGT, relance l’idĂ©e de discussions autour d’un programme commun Ă©conomique et social, ouvertes Ă  toutes les centrales, la FĂ©dĂ©ration, minoritaire, du BĂątiment met en garde ses organisations contre l’instrumentalisation de ces conversations par une CGT dĂ©cidĂ©e Ă  dĂ©velopper sa pression unitaire Ă  la base16.

  • 17 notamment Reconstruction, 30, mai 1950.

16En politique Ă©trangĂšre, Reconstruction dĂ©nonce l’appel de Stockholm, perçu comme une campagne habile au service de l’URSS17, condamne l’« agression nord-corĂ©enne » et dĂ©fend l’affiliation de la CFTC Ă  la CISL. Cette inscription dans le camp occidental, au nom de la dĂ©mocratie libĂ©rale, n’est pas pour autant inconditionnelle : sur l’admission de la Chine communiste Ă  l’ONU ou la politique indochinoise du gouvernement français, la revue affiche son indĂ©pendance, de mĂȘme qu’elle manifestera ses rĂ©serves Ă  l’égard de la « petite Europe » supranationale et son refus de la CED. Ces analyses s’inscrivent surtout dans un souci plus large : prĂ©server les militants de formation chrĂ©tienne, sensibles aux mots d’ordre gĂ©nĂ©reux, des « illusions sentimentales ».

  • 18Reconstruction, 41,  cit.

17Dans le mĂȘme esprit, la revue accorde une grande attention aux « tournants » successifs du discours cĂ©gĂ©tiste sur l’unitĂ© afin d’en dĂ©crypter le sens. Au lendemain du 28e CongrĂšs de la CGT (mai-juin 1951), l’accent est mis, parallĂšlement Ă  de nouvelles attaques de Frachon contre les « dirigeants centraux scissionnistes de FO et de la CFTC », sur la « lutte contre le sectarisme », orientation qui se traduit par la dĂ©mission d’Arrachard. Entretenir l’« esprit fraternel » entre les travailleurs, « liquider le sectarisme » de certains responsables CGT, constituent des prĂ©alables nĂ©cessaires au dĂ©veloppement de l’unitĂ© d’action. Faut-il se rĂ©jouir de ce nouveau cours ? Pour Albert DĂ©traz, l’élimination d’Arrachard ne fait qu’illustrer une fois encore le fonctionnement impitoyable de « la machine du parti18 ». Le nouveau visage de la CGT n’est qu’adaptation tactique, dĂ©cidĂ©e Ă  l’échelle internationale. L’objectif est toujours le mĂȘme : prĂ©parer l’unitĂ© organique dans la CGT, cette fois en offrant un visage plus avenant aux brebis Ă©garĂ©es. L’image, largement diffusĂ©e Ă  l’issue du congrĂšs, de Frachon, d’un ex-secrĂ©taire dĂ©partemental FO, RenĂ© Turc et du prĂȘtre-ouvrier Henri Barreau, joignant leurs mains au-dessus de la tribune, confirment cette interprĂ©tation : scissionnistes repentis, chrĂ©tiens et incroyants, tous ont leur place dans la grande centrale des travailleurs.

  • 19Texte distribuĂ© dans une usine de Lorraine, reproduit Ă  titre de mise en garde dans une circulaire (…)

18À l’automne 1951, la tension entre les deux organisations est relancĂ©e par une nouvelle initiative de la CGT. Au CCN de septembre, le rapporteur sur l’unitĂ© d’action, Henri Raynaud, salue la « crĂ©ation spontanĂ©e de syndicats ou plutĂŽt de sections syndicales uniques » dans les entreprises, sur le modĂšle qui a prĂ©cĂ©dĂ© la rĂ©unification syndicale de 1936. Le thĂšme est ensuite largement dĂ©veloppĂ© par Frachon lui-mĂȘme, dans une lettre aux cheminots de La Rochelle, parue dans Le Peuple du 25-31 octobre 1951. Des consignes sont rĂ©percutĂ©es dans les entreprises19. Les travailleurs, rĂ©unis en assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale, dĂ©signeront un ComitĂ© d’unitĂ© syndicale. Celui-ci devra Ă©lire le bureau de la section unique. Les affiliĂ©s aux organisations existantes conserveront leur carte, avec un tampon « Syndicat unique de  ». Une carte spĂ©cifique ne serait Ă©tablie que pour les inorganisĂ©s refusant d’adhĂ©rer Ă  une centrale. Les problĂšmes dĂ©battus seront ceux qui permettront l’unitĂ© la plus complĂšte. L’objectif est clairement annoncĂ© par Frachon dans L’HumanitĂ© du 31 octobre : « hĂąter l’unitĂ© entre les centrales, qui, selon les travailleurs, tarde trop ».

  • 20Ibidem.
  • 21Reconstruction, 42, novembre-dĂ©cembre 1951.

19La CFTC rompt aussitĂŽt les pourparlers interconfĂ©dĂ©raux en cours20. Dans ses mises en garde, la direction est vigoureusement relayĂ©e par les minoritaires. Reconstruction tient cette fois encore Ă  resituer l’offensive CGT dans le cadre international en citant longuement le rapport prĂ©sentĂ© par Frachon en novembre 1951 au conseil gĂ©nĂ©ral de la FSM : lutte « contre le sectarisme », unification des syndicats dans les entreprises, s’intĂšgrent bien dans une orientation tactique globale des organisations communistes dans les pays de pluralisme syndical pour accĂ©lĂ©rer l’unification. La perspective stratĂ©gique est inchangĂ©e : les dirigeants des autres syndicats demeurent des « agents » de la bourgeoisie, et il s’agit toujours faire prendre conscience aux militants de base de la « trahison » de leurs chefs21.

  • 22« Pour un gouvernement de Paix », France Nouvelle, 31 mai 1952.
  • 23Discours de Noeux-les-Mines, 4 dĂ©cembre 1952, reproduit dans France Nouvelle, n° 366.
  • 24CCN, 27-28 novembre 1952, discours d’ouverture, Arch. IHS-CGT.

20L’offensive de l’automne 1951 sur les « syndicats uniques » fait long feu. Si Frachon, dans L’Humanité du 8 avril 1952, dĂ©nonce violemment les « tutelles malfaisantes » que les partis feraient peser sur les organisations « étroites et partisanes » que sont FO, la CFTC, la CGC et les « indĂ©pendants », l’affaire Ridgway et les rebondissements autour du « complot » des annĂ©es 1952-1953 renforcent l’image d’une CGT instrument du PCF. Reconstruction semble parfois avoir du mal Ă  s’y retrouver dans les ajustements successifs de la ligne communiste et cĂ©gĂ©tiste. Affirmation de la primautĂ© du PCF, prioritĂ© absolue Ă  la lutte contre l’impĂ©rialisme et pour la paix, combat idĂ©ologique contre la social-dĂ©mocratie et contre l’Église (y compris, pour Jeannette Vermeersch, contre les prĂȘtres-ouvriers22 !), recherche de l’épreuve de force, le ton se durcit autour de la manifestation Ridgway du 28 mai. Mais dĂšs le lendemain de celle-ci, CGT et PCF font machine arriĂšre, remettant au premier plan la « lutte contre le sectarisme ». À la fin de l’annĂ©e, nouveau durcissement. Auguste Lecoeur, prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration des mineurs du Nord et secrĂ©taire Ă  l’organisation du PCF, affirme que les syndicats FO ou CFTC sont « des organisations de sĂ»retĂ© au service de la bourgeoisie capitaliste23 ». Sur le plan symbolique, il condamne la diffusion dans la presse syndicale d’une gravure reprĂ©sentant trois ouvriers, l’un CGT, l’autre CFTC, le troisiĂšme FO, se donnant la main. Ce « cliché » traduirait une grave dĂ©rive « opportuniste » dans la mesure oĂč il lĂ©gitimerait l’existence d’organisations qu’il convient de dĂ©noncer. L’objectif est au contraire d’arriver Ă  « une seule organisation syndicale ». Frachon, devant le CCN fin novembre, sur un registre plus modĂ©rĂ©, avait insistĂ© sur les limites des dĂ©marches de sommet, manifestĂ© son intĂ©rĂȘt pour les affrontements de tendance Ă  la CFTC et appelĂ© les syndiquĂ©s chrĂ©tiens Ă  bousculer leurs dirigeants dans un sens unitaire24.

  • 25Un dossier CFTC sur l’affaire Le LĂ©ap est conservĂ© aux Arch. conf. CFDT (4H11).
  • 26Circulaire aux UD et fĂ©dĂ©rations CFTC, 26 mars 1953, Arch. conf. CFDT, 5H6.
  • 27Reconstruction, 64, 15 avril 1953.
  • 28CCN extraordinaire, 4 avril 1954, Arch. IHS-CGT.

21L’affaire Le LĂ©ap (octobre 1952) contribue Ă  tendre encore un peu plus les relations25. L’arrestation du secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la CGT pour atteinte Ă  la sĂ»retĂ© extĂ©rieure de l’État provoque une gĂȘne certaine Ă  la CFTC. Ses dirigeants « rĂ©servent leur jugement dĂ©finitif », exigent des informations, et Tessier estime personnellement « souhaitable » une « mise en libertĂ© provisoire ». Mais, sur le fond, au-delĂ  de la personne de Le LĂ©ap, militant « honnĂȘte et convaincu », la CFTC voit dans cet Ă©pisode la consĂ©quence fĂącheuse du mĂ©lange des genres entre syndicalisme et politique, plus qu’une volontĂ© dĂ©libĂ©rĂ©e de frapper le mouvement syndical. Cette gĂȘne se retrouve Ă  la base, oĂč les militants chrĂ©tiens sont sollicitĂ©s pour participer Ă  la campagne pour la libĂ©ration de Le LĂ©ap. La consigne, ici encore, est de s’abstenir. En mars 1953, la polĂ©mique rebondit aprĂšs les perquisitions effectuĂ©es dans des locaux de la CGT et l’arrestation de plusieurs dirigeants. La CFTC se situe sur la mĂȘme ligne que l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente : demande d’explications, rejet de toute rĂ©pression antisyndicale, appel Ă  la mesure. Elle refuse tout cartel ou manifestation commune avec la CGT sur cette question et rĂ©pĂšte que « le fond du problĂšme » est « la sujĂ©tion de la CGT au PC26 ». Le ton des fĂ©dĂ©rations et UD minoritaires est beaucoup plus offensif. Elles dĂ©noncent des opĂ©rations « spectaculaires », voire illĂ©gales, ainsi que la dĂ©tention sans jugement de Le LĂ©ap. Elles resituent cette politique rĂ©pressive dans un climat gĂ©nĂ©ral de rĂ©gression sociale. Mais elles demandent Ă©galement d’éviter les rĂ©actions communes, pointent les responsabilitĂ©s « cĂ©gĂ©to-communistes » et prĂ©cisent que leur position Ă  l’égard de la CGT n’a pas variĂ©27. Quant Ă  celle-ci, elle considĂšre que les protestations bien insuffisantes de ces organisations leur ont Ă©tĂ© imposĂ©es par leur base, et qu’il convient de maintenir la pression sur les dirigeants « scissionnistes ». Elle met en avant, notamment, la dĂ©mission spectaculaire de militants hospitaliers d’Amiens qui quittent la CFTC pour la CGT28.

  • 29Un dossier sur cette affaire est conservĂ© aux Arch. conf. CFDT (5H6).
  • 30L’expression figure dans un projet de note confidentiel, non datĂ© (sans doute 1950), rĂ©digĂ© par G. (…)

22Cet Ă©pisode est Ă©galement rĂ©vĂ©lateur d’une autre pierre d’achoppement dans les relations CGT-CFTC : celle des prĂȘtres-ouvriers. L’Humanité du 3 avril 1953, sous le chapeau « UnitĂ©, unité ! », publie un « appel » de « militants ouvriers chrĂ©tiens » parisiens dĂ©nonçant la « malhonnĂȘteté » de Gaston Tessier et rĂ©clamant « l’unitĂ© effective de la classe ouvriĂšre ». Or, parmi les signataires (oĂč ne figurerait, selon Bouladoux, aucun CFTC), on compte 18 prĂȘtres, prĂ©sentĂ©s comme tels. Tessier, s’estimant mis en cause dans son honneur, ne se contente pas d’attaquer L’Humanité en diffamation devant le Tribunal civil de la Seine. Il assigne pour le mĂȘme motif les prĂȘtres-ouvriers cosignataires devant le Tribunal ecclĂ©siastique compĂ©tent, l’officialitĂ© de Paris29. Il gagne les deux procĂšs. Cette dĂ©marche, par-delĂ  la blessure personnelle, tĂ©moigne d’une incomprĂ©hension radicale entre prĂȘtres-ouvriers et syndicalistes chrĂ©tiens. L’espĂ©rance d’une rechristianisation de la classe ouvriĂšre s’est rapidement retournĂ©e en un vĂ©ritable « scandale30 » : des prĂȘtres qui militent Ă  la CGT, luttent ouvertement contre le syndicalisme chrĂ©tien et font le jeu du marxisme athĂ©e. Aux yeux des minoritaires CFTC, les « PO » ne sont pas non plus en odeur de saintetĂ©. Par patriotisme d’organisation, rejet du communisme, mais aussi au nom de la spĂ©cificitĂ© de l’engagement des laĂŻcs et de la nĂ©cessaire distinction du spirituel et du temporel.

Évolutions ?

231953 est une annĂ©e particuliĂšrement importante pour les deux organisations. Du cĂŽtĂ© CFTC, le retrait de Tessier s’accompagne d’un gauchissement progressif du vocabulaire et de l’action. La question de l’unitĂ© reflĂšte bien l’inflexion en cours. Si le fond ne change pas, le discours du nouveau prĂ©sident, Maurice Bouladoux, au CongrĂšs de mai 1953, contient un hommage inhabituel au « sentiment indĂ©racinable qui sommeille au cƓur de tout travailleur : le dĂ©sir de rĂ©aliser l’unitĂ© ouvriĂšre ». Les syndicalistes chrĂ©tiens « se refusent Ă  prendre leur parti des divisions actuelles de la classe ouvriĂšre ». Mais, tant que le PCF dominera la CGT, l’unitĂ© organique demeure impensable. Reste l’unitĂ© d’action, qui se poursuit dans les faits.

  • 31L’HumanitĂ©, 1er octobre 1953.
  • 32L’HumanitĂ©, 13 octobre 1953.

24La mort de Staline, malgrĂ© l’intĂ©rĂȘt prudent que suscite Ă  Reconstruction une hypothĂ©tique ouverture du bloc communiste, ne change rien dans l’immĂ©diat. La tactique de l’union Ă  la base connaĂźt mĂȘme une nouvelle jeunesse avec les comitĂ©s d’unitĂ© d’action (CUA), dont Alain Le LĂ©ap, libĂ©rĂ© au cours de l’étĂ©, se fait le thĂ©oricien devant le CCN de septembre 195331. Cette appellation n’a rien de nouveau, mais renvoie Ă  une pratique prĂ©cise et rĂ©cente, prĂ©conisĂ©e par Frachon au printemps. Il s’agit de gĂ©nĂ©raliser, sous la forme la plus dĂ©centralisĂ©e possible, la crĂ©ation de ces comitĂ©s. DĂ©mocratiquement Ă©lu par l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des travailleurs, responsable devant elle, le CUA comprendra des reprĂ©sentants des divers syndicats et des inorganisĂ©s. L’« inorganisé » a mĂȘme une fonction spĂ©cifique : il garantirait l’indĂ©pendance du comitĂ© Ă  l’égard des centrales, si l’une d’elles cherchait Ă  « briser » l’unitĂ©. Le CUA est aussi un outil de syndicalisation pour toutes les organisations. Mais la section CGT a un rĂŽle spĂ©cifique. Un autre rapport de Le LĂ©ap au CongrĂšs FSM d’octobre 1953 prĂ©cise : « Le comitĂ© d’unitĂ© d’action ne vivra rĂ©ellement qu’autant que notre propre section syndicale sera lĂ  pour l’animer, pour y dĂ©noncer les manƓuvres de division32. » À terme, l’objectif affichĂ© demeure : une seule organisation, de l’entreprise Ă  la fĂ©dĂ©ration mondiale.

  • 33Cahier des groupes Reconstruction, 2, novembre 1953.
  • 34« Quand la CGT attaque la CFTC », TĂ©moignage chrĂ©tien, juin 1954.

25Reconstruction rejette absolument la formule des CUA33. La mise en avant de la figure de l’« inorganisé » traduit pour Albert DĂ©traz un renoncement au principe mĂȘme du syndicalisme, qui est de valoriser l’organisation des masses. Dans la rĂ©alitĂ©, il n’aura que trop tendance Ă  s’aligner sur les positions de la CGT : « Il faudrait ĂȘtre naĂŻf pour ne pas voir dans l’inorganisĂ© le frĂšre jumeau du fameux sans-parti qui joue le rĂŽle d’agent docile des communistes dans certaines organisations. » Pas question de tolĂ©rer des comitĂ©s « irresponsables », dont l’objectif est toujours de « couper les adhĂ©rents des syndicats non cĂ©gĂ©tistes de leurs dirigeants ». La ConfĂ©dĂ©ration, quant Ă  elle, diffuse en 1954 une brochure, L’unitĂ© d’action, est-ce possible ?, qui met en garde ses militants. Les mĂȘmes thĂšmes sont dĂ©taillĂ©s dans un cours de formation syndicale par correspondance au dĂ©but de la dĂ©cennie suivante. La ligne ne varie pas : pour Ă©viter toute manipulation, il faut respecter des rĂšgles prĂ©cises. L’unitĂ© d’action « sentimentale » est toujours dangereuse. Lorsque Raymond Marion, dirigeant chimiste et figure de Reconstruction, Ă©voque en 1954 les expĂ©riences unitaires « plus sentimentales que raisonnĂ©es », il prĂ©cise que « l’influence des milieux confessionnels est (alors) Ă  peu prĂšs certaine34 ».

  • 35Cahier des groupes Reconstruction, 9, juin 1954.
  • 36Rapport pour le 31e CongrĂšs confĂ©dĂ©ral CGT, 16-21 juin 1957 (Arch. IHS-CGT).

26Les annĂ©es 1954-1957 rĂ©vĂšlent des inflexions intĂ©ressantes. Les grĂšves unitaires de Nantes et Saint-Nazaire Ă  l’étĂ© 1955 confortent l’image d’une CFTC ouvriĂšre dure, oĂč la minoritĂ© donne le ton, et qui se veut « dĂ©complexĂ©e » par rapport Ă  la CGT. Celle-ci, en revanche, affirme dĂšs juin 1954, et plus nettement au CongrĂšs de juin 1955, que les efforts pour l’unitĂ© devront viser avant tout FO. La rĂ©unification, aux yeux des travailleurs, serait plus importante que les avances faites Ă  une organisation partisane, dĂ©pendante de l’Église et vouĂ©e Ă  disparaĂźtre. Pour Reconstruction, cette nouvelle orientation est d’abord politique, et la direction de la CGT suit fidĂšlement les orientations exprimĂ©es par Jacques Duclos au CongrĂšs du PCF35. La prioritĂ© accordĂ©e Ă  FO sur le plan syndical est parallĂšle Ă  la recherche d’une alliance avec la gauche non communiste. La dĂ©tente internationale qui s’amorce favorise ce type de rapprochement. Pour la CGT, l’objectif, selon DĂ©traz, est bien la rĂ©cupĂ©ration « en bloc » des militants FO, et la proximitĂ© sociologique et culturelle des deux organisations fait que la perspective d’une rĂ©unification est « loin d’ĂȘtre un mythe ». Il y a lĂ , pour ceux qui croient en une « communautĂ© de destin des organisations syndicales non communistes », un vĂ©ritable danger. Ces craintes ne se rĂ©vĂšlent pas fondĂ©es. FO campe toujours sur son rejet de la CGT. Celle-ci, Ă  son CongrĂšs de juin 1957, malgrĂ© une prĂ©fĂ©rence rĂ©affirmĂ©e par Frachon36, ne peut que constater que l’unitĂ© d’action se rĂ©alise d’abord avec la CFTC. MĂȘme si cette derniĂšre n’est pas le partenaire rĂȘvĂ©, toute avancĂ©e unitaire est bonne Ă  prendre. Et la CFTC tient souvent le rĂŽle, utile, d’intermĂ©diaire entre militants CGT et FO.

  • 37Le Brun, « Renforcer la CGT » et Monmousseau, « Il ne suffit pas de gagner une bataille, il faut p (…)
  • 38DĂ©traz, « Campagne CGT pour l’unitĂ© syndicale », Cahiers Reconstruction, 41, fĂ©vrier 1957.

27Les CUA ne donnant pas les rĂ©sultats espĂ©rĂ©s, la CGT, dĂšs octobre 1955, se prononce pour une « activitĂ© ouverte » de l’organisation dans l’entreprise, revalorisant le syndiquĂ© au dĂ©triment de l’inorganisĂ©37. Pour la CFTC, le danger ne disparaĂźt pas pour autant. Elle doit, sur le plan politique, mettre en garde ses militants en janvier 1956 contre toute participation aux comitĂ©s de Front populaire. Les relations se tendent un peu plus Ă  l’automne 1956 avec l’intervention soviĂ©tique en Hongrie, condamnĂ©e par toute la CFTC. La CGT, de son cĂŽtĂ©, poursuit sa campagne pour l’unitĂ©. Si Reconstruction suit avec intĂ©rĂȘt le dĂ©bat entre Le Brun, partisan d’une reconnaissance des tendances au sein de la future centrale unique et Frachon, qui y est hostile, la revue conclut qu’il ne faut rien cĂ©der sur ces questions, malgrĂ© la popularitĂ© du thĂšme unitaire dans la classe ouvriĂšre. L’unitĂ© organique est impossible, car elle dĂ©pend d’évolutions soviĂ©tiques « imprĂ©visibles38 ».

  • 39CommuniquĂ© du BC CFTC, 15 octobre 1957, Arch. conf. CFDT, 5H14.
  • 40 Georgi, L’Invention de la CFDT 1957-1970, Paris, Éd. de l’Atelier/CNRS, 1995, p. 40 sqq.

28L’entrĂ©e des minoritaires Ă  la direction de la CFTC, Ă  la fin de l’annĂ©e 1957, puis l’accession d’EugĂšne Descamps au secrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral en 1961, ouvrant la voie Ă  la crĂ©ation de la CFDT, ne modifient pas l’approche de l’organisation. L’appel du PUMSUD (juin 1957), qui relance le dĂ©bat sur l’unitĂ©, n’a que peu d’écho Ă  la CFTC, tenue Ă  l’origine hors de cette affaire de famille laĂŻque. En revanche, la question des relations avec la CGT prend une dimension nouvelle avec l’aggravation du conflit algĂ©rien. En octobre 1957, la CFTC oppose une « fin de non-recevoir catĂ©gorique » aux offres de manifestations communes proposĂ©es par la CGT contre la politique algĂ©rienne du gouvernement39. Au lendemain du 13 mai, elle ne s’adresse qu’aux « organisations non communistes » pour la « dĂ©fense des libertĂ©s dĂ©mocratiques », mĂȘme si le 28 mai est l’occasion d’une manifestation commune. Des barricades d’Alger (janvier 1960) au putsch des gĂ©nĂ©raux (avril 1961), la CFTC accepte pourtant, face Ă  l’urgence, d’unir ses forces Ă  celles de la CGT. Mais la CFTC, mĂȘme aprĂšs l’arrivĂ©e de Descamps, refuse d’aller au-delĂ  par crainte d’un Front populaire. Elle prĂ©fĂšre travailler Ă  rassembler les forces non-communistes40. En revanche, plusieurs organisations ex-minoritaires rĂ©clament au plan confĂ©dĂ©ral – et pratiquent elles-mĂȘmes Ă  leur Ă©chelle – un « front syndical » sans exclusive. Pour Reconstruction, le danger pour les libertĂ©s est tel que l’union s’impose en permanence tant que subsiste le pĂ©ril. Cette action commune sur des questions politiques va Ă  l’encontre des principes de la revue. Mais pour ses animateurs, il ne s’agit que d’un « dĂ©passement » exigĂ© par une situation qui, comme sous l’Occupation, menace la survie mĂȘme du syndicalisme. DĂšs 1962, le « front syndical » n’a plus de raison d’ĂȘtre. MalgrĂ© un climat gĂ©nĂ©ral (dĂ©gel, Concile, retour des luttes sociales, recomposition de l’opposition) qui pousse au rapprochement et fait de l’unitĂ© un thĂšme omniprĂ©sent, la CFTC, en passe de devenir CFDT, et la CGT demeurent sur des conceptions radicalement divergentes, forgĂ©es dans les annĂ©es 1950.

29Au terme de ce parcours, on est frappé, au-delà des variations conjoncturelles, par la permanence des positions de fond.

30Pour la CGT, la CFTC ne devrait pas exister. Les chrĂ©tiens ont leur place au sein d’une CGT incarnant Ă  elle seule l’unitĂ© sociologique et ontologique de la classe ouvriĂšre. Cette vision ne date pas d’hier, et elle n’est pas propre aux communistes : elle est partagĂ©e par les militants FO. Le renforcement de la CFTC dans les annĂ©es 1950, sa position charniĂšre entre CGT et FO, le visage plus attractif qu’elle prĂ©sente en milieu ouvrier obligent la centrale de la rue Lafayette Ă  en tenir compte. L’unitĂ© syndicale, constamment invoquĂ©e par Frachon, passe d’abord par l’unitĂ© d’action. Avec la CFTC, la CGT agit globalement comme avec FO. Les deux syndicats « scissionnistes », le plus souvent associĂ©s dans le discours cĂ©gĂ©tiste, sont tantĂŽt prĂ©sentĂ©s comme des partenaires, tantĂŽt dĂ©noncĂ©s comme des organisations sans lĂ©gitimitĂ© ni importance, soutenus Ă  bout de bras par le patronat, le gouvernement, la SFIO et le MRP. La CGT applique donc logiquement Ă  la CFTC la tactique du front unique : favoriser toujours l’action commune, tout en dĂ©nonçant ses dirigeants. L’unitĂ© d’action est vue comme le prĂ©lude Ă  l’unitĂ© syndicale. Mais les dirigeants cĂ©gĂ©tistes connaissent souvent mal le milieu CFTC, en particulier ces minoritaires qui clament bien haut leur rejet du « progressisme » chrĂ©tien tout en pratiquant souvent l’action commune. D’oĂč une tendance Ă  privilĂ©gier la perspective unitaire, jugĂ©e plus naturelle, avec FO. La dĂ©marche de dĂ©confessionnalisation engagĂ©e par la CFTC Ă  partir de 1960 inquiĂšte plus qu’elle ne rassure.

31Du cĂŽtĂ© CFTC, la CGT est apprĂ©hendĂ©e dans sa double qualitĂ© d’organisation ouvriĂšre et « communiste ». De loin la premiĂšre force syndicale, elle ne peut ĂȘtre nĂ©gligĂ©e. La distance culturelle mĂȘme qui sĂ©pare ses militants de ceux de la CFTC rend possible une unitĂ© d’action qui ne soit pas l’antichambre de l’unitĂ© organique. Mais la CGT Ă©tant Ă©galement une organisation « confisquĂ©e » par le PCF et s’inscrivant dans une stratĂ©gie internationale, l’action commune ne peut se rĂ©aliser qu’à certaines conditions, en conservant une vigilance de tous les instants. Paradoxalement, la minoritĂ© apparaĂźt mieux armĂ©e idĂ©ologiquement que les militants chrĂ©tiens traditionnels. C’est ce qui lui permet une pratique « offensive » de l’unitĂ© d’action professionnelle, et mĂȘme, pendant la guerre d’AlgĂ©rie, politique. Mais il s’agit lĂ , on l’a dit, de circonstances exceptionnelles. L’accord de janvier 1966 entre la jeune CFDT et la CGT seule, bien que limitĂ© Ă  des revendications Ă©conomiques et sociales, constitue en revanche, parce qu’il se situe Ă  l’échelle confĂ©dĂ©rale, un vrai tournant stratĂ©gique.

  • 41DĂ©traz, « Projet de note aux UD et fĂ©dĂ©. Sur l’unitĂ© syndicale », prĂ©paratoire au BC du 11 octobre (…)

32Quant Ă  l’unitĂ© organique, Albert DĂ©traz, Ă  la veille de la dĂ©confessionnalisation, posait trois prĂ©alables Ă  toute discussion avec la CGT sur cette question : « Un, que les communistes n’aient plus qu’une faible influence dans le mouvement ouvrier français ; deux, qu’ils ne reprĂ©sentent plus qu’un pourcentage nĂ©gligeable du corps Ă©lectoral ; et enfin, ce qui n’est pas exclu mais improbable avant longtemps, que le PC se dĂ©mocratise et accepte les valeurs d’une sociĂ©tĂ© dĂ©mocratique41. »

33Il n’est pas interdit, quarante ans aprĂšs, de s’interroger sur l’actualitĂ© de ces considĂ©rations.

NOTES

1 Les expressions entre guillemets sont extraites du rapport moral de B. Frachon pour le 27e CongrĂšs de la CGT, 11-15 octobre 1948, de son discours d’ouverture Ă  ce congrĂšs (compte rendu stĂ©no., p. 11 sqq.) et du « manifeste » adoptĂ© par le congrĂšs (ibid., p. 340).

2 L’expression est de V. Duguet, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des mineurs (op. cit., p. 9) mais on la retrouve deux ans plus tard chez Frachon (28e CongrĂšs CGT, compte rendu stĂ©no., p. 16).

3 Frachon, 27e CongrÚs CGT, op. cit., p. 18.

4 Clarus, « La crise du syndicalisme chrĂ©tien », L’Est rĂ©publicain, 8 juin 1949. L’article original est paru le 27 mai dans l’Agence quotidienne d’informations Ă©conomiques et financiĂšres.

5 « La CFTC a choisi la main tendue par les staliniens », Le Rassemblement ouvrier, 11 juin 1949.

6 Communiqué confédéral CFTC, 7 oct. 1949, Arch. conf. CFDT, 4H6.

7 « Appel aux travailleurs », adopté par le CCN, 17 novembre 1949, Arch. IHS-CGT.

8 Résolution du CCN, 14 avril 1950, Arch. IHS-CGT.

9 Ibidem.

10 Reproduit dans L’HumanitĂ©, 4 avril 1950.

11 L’HumanitĂ©, 5 avril 1950.

12 Cité dans Reconstruction, juin-juillet 1950, p. 5.

13 « Les tùches du CCN », 19 septembre 1950 (pour le CCN du 11 octobre), Arch. IHS-CGT.

14 M. Bouladoux, rapport au BC, 17 septembre 1950, adressé aux fédérations et UD le 27 septembre, Arch. conf. CFDT, (4H8).

15 Correspondance conservée aux Arch. conf. CFDT (4H8).

16 Reconstruction, 41, septembre/octobre, 1951.

17 Cf. notamment Reconstruction, 30, mai 1950.

18 Reconstruction, 41, op. cit.

19 Texte distribué dans une usine de Lorraine, reproduit à titre de mise en garde dans une circulaire CFTC aux UD et fédérations, 5 novembre 1951, Arch. conf. CFDT, (4H6).

20 Ibidem.

21 Reconstruction, 42, novembre-décembre 1951.

22 « Pour un gouvernement de Paix », France Nouvelle, 31 mai 1952.

23 Discours de Noeux-les-Mines, 4 décembre 1952, reproduit dans France Nouvelle, n° 366.

24 CCN, 27-28 novembre 1952, discours d’ouverture, Arch. IHS-CGT.

25 Un dossier CFTC sur l’affaire Le LĂ©ap est conservĂ© aux Arch. conf. CFDT (4H11).

26 Circulaire aux UD et fédérations CFTC, 26 mars 1953, Arch. conf. CFDT, 5H6.

27 Reconstruction, 64, 15 avril 1953.

28 CCN extraordinaire, 4 avril 1954, Arch. IHS-CGT.

29 Un dossier sur cette affaire est conservé aux Arch. conf. CFDT (5H6).

30 L’expression figure dans un projet de note confidentiel, non datĂ© (sans doute 1950), rĂ©digĂ© par G. Tessier, Arch. conf. CFDT, 4H8.

31 L’HumanitĂ©, 1er octobre 1953.

32 L’HumanitĂ©, 13 octobre 1953.

33 Cahier des groupes Reconstruction, 2, novembre 1953.

34 « Quand la CGT attaque la CFTC », Témoignage chrétien, juin 1954.

35 Cahier des groupes Reconstruction, 9, juin 1954.

36 Rapport pour le 31e CongrÚs confédéral CGT, 16-21 juin 1957 (Arch. IHS-CGT).

37 Le Brun, « Renforcer la CGT » et Monmousseau, « Il ne suffit pas de gagner une bataille, il faut prĂ©parer d’autres victoires », Le Peuple, 15 octobre 1955.

38 DĂ©traz, « Campagne CGT pour l’unitĂ© syndicale », Cahiers Reconstruction, 41, fĂ©vrier 1957.

39 Communiqué du BC CFTC, 15 octobre 1957, Arch. conf. CFDT, 5H14.

40 F. Georgi, L’Invention de la CFDT 1957-1970, Paris, Éd. de l’Atelier/CNRS, 1995, p. 40 sqq.

41 DĂ©traz, « Projet de note aux UD et fĂ©dĂ©. Sur l’unitĂ© syndicale », prĂ©paratoire au BC du 11 octobre 1963, Arch. privĂ©es E. Descamps, dossier « unitĂ© 1963-1969 ».

 

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