Joseph Thouvenel: Chronique du 22 mars

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  • Publication publiĂ©e :mars 23, 2016
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Thouvenel_largeBonjour Ă  toutes et Ă  tous,

Je n’ai rien mais vraiment rien contre les chefs d’entreprises, je n’ai aucune attirance pour la lutte des classes, j’explique dans les formations syndicales que je ne sais quel mĂ©tier exerceront mes enfants et que si l’un d’eux crĂ©e son entreprise ou en dirige une, ce n’est pas pour cela qu’il deviendra un adversaire, un ennemi.

Chaque profession Ă  sa noblesse, assumer des responsabilitĂ©s en entreprise comme ailleurs, est d’abord une charge qui gĂ©nĂšre nombre de devoirs et non un long fleuve tranquille.

Cela dit, les patrons ne sont pas toujours, loin de lĂ , de belles figures admirables, modĂšles d’intelligence, de courage, de probitĂ© et d’humanitĂ©. Chez eux comme dans toute catĂ©gorie sociale, il y a des gens trĂšs bien et d’autres peu recommandables. Ce qui m’inquiĂšte ce sont les idĂ©es dĂ©fendues et rĂ©pandues par certains dirigeants du MEDEF.

J’ai participĂ© il y a quelques jours Ă  une table ronde organisĂ©e par le mouvement patronal. Pour vanter les mĂ©rites des nouvelles technologies, Thibault LANXADE prĂ©sident du pĂŽle entreprenariat et croissance du MEDEF  a pris l’exemple suivant : aux Etats-Unis, la sociĂ©tĂ© Coca-Cola a lancĂ© une application indiquant quand et oĂč un camion vient livrer du coca. Si c’est prĂšs de chez vous, vous vous prĂ©cipitez et si vous ĂȘtes le premier arrivĂ©, vous dĂ©chargez le camion contre rĂ©munĂ©ration. Pour Monsieur LANXADE, nous sommes au cƓur du progrĂšs numĂ©rique, une telle application est un outil gĂ©nial pour les entreprises. Quand je lui fis remarquer qu’en fait de modernitĂ©, cela ressemblait Ă©trangement, l’électricitĂ© et l’électronique en plus, Ă  la pratique des annĂ©es 20 qui consistait sur les ports amĂ©ricains Ă  sonner une cloche quand une cargaison Ă©tait Ă  dĂ©charger, la foule des chĂŽmeurs se prĂ©cipitant pour tenter de gagner de quoi survivre, sa rĂ©ponse fut de cĂ©lĂ©brer le modĂšle Anglais du contrat 0 heure. Le contrat 0 heure est un contrat de travail oĂč l’engagement du patron est de faire travailler son subordonnĂ© quand il en a besoin. Une semaine vous pouvez ĂȘtre employĂ© 52 heures et la suivante 0 heure d’oĂč le nom du contrat.

L’heureux bĂ©nĂ©ficiaire d’un tel arrangement est bien Ă©videmment rĂ©munĂ©rĂ© en fonction des seules heures effectuĂ©es. Comment peut-on ĂȘtre ordinairement intelligent, normalement cultivĂ©, titulaire d’un master de l’Ecole SupĂ©rieure de Commerce de Paris et proposer comme modĂšle ce gouffre Ă  prĂ©carité ?

Comment ne pas envisager les consĂ©quences sur la vie familiale, personnelle, associative ? Comment ne pas discerner l’impact pour le pays ?

La prĂ©carisation du salariat, l’instabilitĂ© des revenus d’une frange toujours plus grande de la population sont des Ă©lĂ©ments destructeurs d’une sociĂ©tĂ©. Comment trouver une location, obtenir un prĂȘt quand la garantie de revenu que l’on peut apporter est un contrat 0 heure ?

Ce type de raisonnement, ce schĂ©ma Ă©conomique, l’histoire l’a dĂ©jĂ  connu, c’est sur le terreau des injustices qui en furent les consĂ©quences qu’on put prospĂ©rer le National-Socialisme et le Communisme.

S’ils n’ont pas de cƓur, ils pourraient au moins avoir un minimum de raison.

Joseph Thouvenel

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