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Covid-19. Le projet de loi sur les urgences sanitaires va-t-il rendre la vaccination obligatoire ?

Ouest-FranceJennifer CHAINAY avec AFP. le 22 décembre 2020

Le gouvernement a déposé, lundi 21 décembre, un projet de loi sur la gestion des urgences sanitaires. Depuis, il fait beaucoup réagir et suscite la polémique, notamment sur la question de la vaccination.

À peine dĂ©posĂ© dĂ©jĂ  dĂ©criĂ©. Le projet de loi instituant un rĂ©gime pĂ©renne sur la gestion des urgences sanitaires a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© en conseil des ministres lundi 21 dĂ©cembre par Jean Castex. Jugé « liberticide » il a suscitĂ© de nombreuses rĂ©actions Ă  droite comme Ă  gauche, notamment sur la possibilitĂ© de rendre la vaccination obligatoire pour pouvoir se dĂ©placer.

1. Que contient ce projet de loi ?

Le gouvernement a dû légiférer en urgence, au printemps dernier, surpris par la pandémie de coronavirus. Ce cadre législatif sera caduc le 1er avril 2021. Il est donc nécessaire pour le gouvernement de proposer un nouveau texte de loi pour les mois à venir.

L’objectif de ce projet de loi de gestion des urgences sanitaires, prĂ©sentĂ©e lundi 21 dĂ©cembre en conseil des ministres, est d’avoir « un dispositif pĂ©renne dotant les pouvoirs publics des moyens adaptĂ©s pour rĂ©pondre Ă  l’ensemble des situations sanitaires exceptionnelles » afin de rĂ©pondre au mieux Ă  des crises telle que celle du Covid-19.

Deux niveaux d’intervention sont notifiĂ©s dans le texte selon la gravitĂ© de la situation et la nature des mesures Ă  prendre pour y faire face : l’état de crise sanitaire, d’une part, et l’état d’urgence sanitaire, d’autre part. « Ces deux rĂ©gimes pourront rester parfaitement autonomes mais ils pourront Ă©galement s’inscrire dans le prolongement l’un de l’autre, explique le projet de loi, car l’état de crise sanitaire pourra ĂȘtre dĂ©clenchĂ© avant comme aprĂšs l’état d’urgence sanitaire soit pour juguler une crise naissante qui n’a pas encore l’ampleur d’une catastrophe sanitaire, soit pour mettre un terme durable aux effets d’une catastrophe qui n’aura pu ĂȘtre empĂȘchĂ©e. » L’état d’urgence sanitaire, lui, reste applicable pendant la catastrophe sanitaire elle-mĂȘme.

2. Concrùtement, qu’implique cette loi ?

L’une des premiĂšres choses Ă  retenir est que ce projet de loi prĂ©voit « la crĂ©ation d’un Ă©tat de crise sanitaire ayant vocation Ă  fixer un cadre pour l’exercice de plusieurs prĂ©rogatives ».

Cet Ă©tat de crise sanitaire sera prorogĂ© tous les deux mois par dĂ©cret en conseil des ministres aprĂšs consultation du Haut Conseil de la santĂ© publique. S’il dure au-delĂ  de six mois, le gouvernement s’engage Ă  transmettre un rapport au Parlement pour justifier de sa mise en place et de sa durĂ©e. La fin de cet Ă©tat de crise sanitaire ne pourra ĂȘtre prononcĂ©e que par dĂ©cret.

Ainsi, durant cette pĂ©riode soumise Ă  l’état de crise sanitaire, le Premier ministre pourra, par dĂ©cret et sur rapport du ministre de la SantĂ©, prendre certaines mesures afin de « garantir la santĂ© publique ».

Le Premier ministre sera autorisĂ© Ă  rĂ©glementer ou interdire la circulation « des personnes et des vĂ©hicules et rĂ©glementer l’accĂšs aux moyens de transport et les conditions de leur usage ». Il pourra Ă©galement interdire, par dĂ©cret, aux personnes de sortir de leur domicile, « sous rĂ©serve des dĂ©placements strictement indispensables aux besoins familiaux ou de santĂ© ». Le chef du gouvernement pourra ordonner la fermeture des Ă©tablissements recevant du public ou en rĂ©glementer l’accĂšs Ă  condition que « l’accĂšs des personnes aux biens et services de premiĂšre nĂ©cessitĂ© » soit garanti.

Le placement et le maintien en isolement des personnes affectĂ©es ou contaminĂ©es ou la mise en quarantaine des personnes susceptibles d’ĂȘtre affectĂ©es ou contaminĂ©es est aussi inscrit dans le projet de loi.

3. Pourquoi ce projet de loi fait réagir ?

L’une des mesures qui a mis le feu aux poudres concerne le dĂ©pistage et les vaccins. Dans le projet de loi, il est Ă©crit que « le Premier ministre peut subordonner les dĂ©placements des personnes, leur accĂšs aux moyens de transport ou Ă  certains lieux, ainsi que l’exercice de certaines activitĂ©s Ă  la prĂ©sentation des rĂ©sultats d’un test de dĂ©pistage Ă©tablissant que la personne n’est pas affectĂ©e ou contaminĂ©e, au suivi d’un traitement prĂ©ventif, y compris Ă  l’administration d’un vaccin, ou d’un traitement curatif. »

Autrement dit, si vous ne prĂ©sentez pas un test nĂ©gatif ou un certificat prouvant que vous avez Ă©tĂ© vaccinĂ© contre le virus, vos dĂ©placements pourraient ĂȘtre limitĂ©s. Ne serait-ce pas une façon implicite de rendre la vaccination obligatoire ? Pourtant, l’exĂ©cutif s’est toujours targuĂ© de laisser la population libre de choisir, mais ce projet de loi sĂšme le doute.

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