Commentaire de LégiSocial ¶
Le fait qu’un employeur ne paie plus les heures supplémentaires effectuées, mais verse en substitution des primes dites exceptionnelles, exclues par ailleurs du calcul des congés payés, constitue un manquement justifiant la prise d’acte.
Dans l’affaire présente le salarié « prend acte de la rupture du contrat de travail », l’occasion pour nous de rappeler quelques notions de base à ce sujet.
La prise d’acte de rupture du contrat de travail par le salarié implique que ce dernier invoque des griefs envers son employeur.
Ainsi les griefs invoquĂ©s doivent ĂŞtre suffisamment importants pour qu’ils puissent ensuite ĂŞtre reconnus « fondĂ©s » par le conseil de prud’hommes.Â
Les conséquences (qui seront abordées en détail dans les chapitres qui suivent) sont importantes :
- Les griefs sont fondés : la prise d’acte produit les effets d’un licenciement sans cause réelle et sérieuse ou d’un licenciement nul ;
- Les griefs ne sont pas fondĂ©s : la prise d’acte produit les effets d’une dĂ©mission.Â
C’est en quelque sorte une sorte de « pari sur l’avenir » que prend le salariĂ© en rompant le contrat de travail par ce mode.Â
Les griefs invoqués : quelques exemples concrets ¶
De nombreux arrêts ont été rendus par la Cour de cassation, citons quelques griefs reconnus fondés par la Cour de cassation :
- Le salariĂ© qui reproche Ă l’employeur le non-respect du droit au repos hebdomadaire ; (Cour de cassation 7 octobre 2003, n° 01-44635 D)
- Le salarié qui reproche à son employeur de ne pas lui avoir versé les salaires qui lui étaient conventionnellement garantis pendant son arrêt maladie ; (Cour de cassation du 06/07/2004 n° 02-42642 FD)
- Le salarié qui reproche à son employeur le non-paiement d’heures supplémentaires ; (Cour de cassation du 25/05/2004 n° 02-43042 FD et 01/12/2004 n° 02-46231 FD)
- Le salarié qui voit le contrat de travail modifié malgré son refus de modification. (Cour de cassation du 03/04/2007 n° 05-43008 FD)
Extraits « Abécédaire social et paye 2010 » (éditions INDICATOR)
Des prises d’acte de rupture de contrat qui ont été reconnues justifiées :
Petit commentaire de l’auteur: Lorsque la prise d’acte de rupture du contrat porte sur des griefs que les juges du fond considèrent fondés, la prise d’acte s’analyse alors en un licenciement sans cause réelle et sérieuse ! Les conséquences sont fâcheuses pour l’employeur !
Le salariĂ© qui reproche Ă l’employeur le non respect du droit au repos hebdomadaire. (Cour de cassation 7 octobre 2003, n° 01-44635 D)
Le salarié qui reproche à son employeur de ne pas lui avoir versé les salaires qui lui étaient conventionnellement garantis pendant son arrêt maladie (Cour de cassation du 06/07/2004 n° 02-42642 FD)
Le salarié qui reproche à son employeur le non paiement d’heures supplémentaires. (Cour de cassation du 25/05/2004 n° 02-43042 FD et 01/12/2004 n° 02-46231 FD)
Le salarié qui voit le contrat de travail malgré son refus de modification. (Cour de cassation du 03/04/2007 n° 05-43008 FD)
Les griefs invoqués ne sont pas fondés ¶
- Le salariĂ© qui reproche Ă l’employeur des retards dans le paiement des salaires alors que ce retard provenait en fait de la prĂ©sence de jours fĂ©riĂ©s dans le calendrier et que cela avait dĂ©calĂ© le paiement d’une journĂ©e ou deux ; (Cour de cassation du 19/01/2005 n° 03-45018)
- Le salariĂ© qui reproche le non-paiement d’heures supplĂ©mentaires, alors qu’il dispose en outre d’une totale autonomie pour organiser son travail et que la rĂ©alitĂ© des heures supplĂ©mentaires n’a pas Ă©tĂ© Ă©tablie ; (Cour de cassation du 17/07/2007 n°06-40630)
- Le salarié qui conteste des frais professionnels (contestation qui ne s’appuie sur aucun élément) ainsi que le reproche d’un incident de paiement de salaire (le seul en 30 ans), incident qui avait été résolu avant la prise d’acte de rupture du contrat de travail. (Cour de cassation du 23/05/2007 n° 05-45740 )