NEW YORK/TOKYO (Reuters) – Le fabricant américain d’imprimantes et de photocopieurs Xerox a annoncé mercredi la démission de son directeur général et de plusieurs membres de son conseil d’administration pour mettre fin aux poursuites engagées par deux investisseurs activistes opposés à un projet de fusion de 6,1 milliards de dollars (5,1 milliards d’euros) avec le japonais Fujifilm.
Darwin Deason, qui détient 15% du capital de Xerox avec le milliardaire Carl Icahn, avait déposé mi-avril un recours contre cet accord signé en janvier et exigeait de pouvoir désigner certains des dix membres de son conseil.
Le directeur général de Xerox, Jeff Jacobson, ainsi que six autres membres du conseil d’administration, ont accepté de démissionner dans le cadre d’un arrangement avec les deux actionnaires, a annoncé Xerox dans un communiqué.
Keith Cozza, PDG d’Icahn Enterprises, prendra la présidence de Xerox et John Visentin, qui a dirigé Novitex Enterprise Solutions, sa direction générale, a précisé la société.
Le conseil de Xerox a déclaré qu’à la suite de discussions avec ses actionnaires concernant le projet de fusion au sein de leur coentreprise Fuji Xerox, Xerox avait demandé à Fujifilm une augmentation de l’enveloppe que recevraient ses actionnaires. Fuji Xerox est détenue à 75% par Fujifilm et à 25% par Xerox.
Le nouveau conseil d’administration compte se réunir immédiatement pour envisager différentes options stratégiques, y compris la rupture ou la révision de la relation de Xerox avec Fujifilm, ainsi que de l’opération envisagée avec le japonais.
Les deux sociétés voulaient réaliser des économies d’échelle dans un contexte de recul de la demande de matériels de bureautique. Mais les actionnaires ont jugé que l’opération sous-valorisait considérablement Xerox et observé que Jeff Jacobson avait poursuivi le projet avec Fujifilm alors même que le conseil lui conseillait d’arrêter les négociations.
Fujifilm, dont le titre a chuté de 5,5% à Tokyo en réaction à ces annonces, a déclaré mercredi son intention de contester cet accord amiable entre Xerox et ses actionnaires activistes.
« Nous avons de graves inquiétudes concernant le règlement annoncé et nous comptons présenter nos objections prochainement devant les tribunaux », dit Fuji film dans un communiqué.
« Nous pensons que la fusion de Xerox et de Fuji Xerox est la meilleure solution permettant de créer une valeur exceptionnelle pour les actionnaires des deux sociétés. »
Fujifilm ajoute dans son communiqué qu’il fera appel de la décision de justice du 27 avril donnant raison aux deux actionnaires et bloquant temporairement le projet.
Face à la dématérialisation, Fujifilm s’est également tourné vers d’autres vecteurs de croissance, notamment dans les secteurs de la biotechnologie et de la santé.
Selon Masayuki Otani, analyste chez Securities Japan, au vu des dernières évolutions du dossier, l’accord de Fujifilm avec Xerox ne paraît « pas très porteur d’avenir ».
« Je pense qu’ils feraient mieux de placer leurs énergies dans l’activité médicale », souligne-t-il.
L’action de Xerox, dont la capitalisation est d’environ 8,2 milliards de dollars, était stable mardi en après-Bourse à New York.
(Ismail Shakil et Subrat Patnaik à Bangalore, Alison Frankel et Liana Baker à New York et Ritsuko Ando, Sam Nussey et Chang-Ran Kim à Tokyo, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat) pour Challenges.