Travail du dimanche

Monsieur Jean-Denis COMBREXELLE
Directeur Général du Travail

  

 Monsieur le Directeur,

Nous faisons suite à votre courrier du 14 février 2014 nous informant de votre volonté de prendre un nouveau décret inscrivant le bricolage sur la liste des établissements autorisés à déroger de droit au repos dominical.

 Suite Ă  la dĂ©cision du conseil d’Etat, ce dĂ©cret n’aurait plus de caractĂšre provisoire, mais un caractĂšre dĂ©finitif.

 Comme vous le savez, notre fédération milite depuis toujours en faveur du respect du repos dominical.

Nous sommes notamment fermement opposĂ©s Ă  l’extension du champ des dĂ©rogations de droit Ă  d’autres activitĂ©s que celles pour lesquelles le travail du dimanche est vĂ©ritablement nĂ©cessaire (santĂ©, hĂŽtels, usines fonctionnant en continu).

 La dĂ©rogation de droit accordĂ©e aux magasins d’ameublement depuis 2008 n’est pas justifiĂ©e par des besoins du public rendant nĂ©cessaire l’ouverture de ces commerces. La meilleure preuve en est que la plupart des magasins d’ameublement n’ouvre pas le dimanche malgrĂ© l’existence de cette dĂ©rogation.

 Dans ce cadre, l’extension de cette dĂ©rogation aux magasins du bricolage n’est pas une solution adĂ©quate.

 Le rapport Bailly souligne Ă  cet Ă©gard les risques liĂ©s Ă  l’élargissement des dĂ©rogations de droits sectorielles : dans la mesure oĂč il est impossible de cloisonner les produits vendus par les diffĂ©rents commerces, l’introduction de nouvelles dĂ©rogations aura nĂ©cessairement pour effet de crĂ©er des distorsions de concurrence et entraĂźnera des conflits. L’effet domino est inĂ©luctable ; aujourd’hui l’ameublement et le bricolage, demain l’électromĂ©nager, l’équipement de la maison, les biens culturels (pages 64 et 65 du rapport Bailly).

 Vous n’ignorez pas que le travail du dimanche dans le cadre de la dĂ©rogation de droit n’est assorti d’aucune compensation et s’impose aux salariĂ©s, ce qui aggrave les conditions de travail des salariĂ©s concernĂ©s.

 Si la situation des salariĂ©s du bricolage est amĂ©liorĂ©e grĂące Ă  la signature d’un accord des partenaires sociaux accordant des contreparties dans le cadre du travail du dimanche, l’existence de ces contreparties n’existe pas dans les autres secteurs et il est impossible de prĂ©sumer du rĂ©sultat d’une Ă©ventuelle nĂ©gociation sur ce sujet.

 Dans ces conditions, nous ne pouvons que nous opposer Ă  une dĂ©rogation dĂ©sormais permanente qui rĂšgle un conflit dans un secteur mais qui porte en germe de nombreux autres conflits dans d’autres secteurs.

 Si malgré tout, vous mainteniez votre décret, nous insistons sur la nécessité que soient pris des engagements :

  • sur le principe d’une abrogation de ce dĂ©cret au plus vite, la loi rĂ©formant le travail du dimanche devant intervenir dans les plus brefs dĂ©lais
  • sur la sortie de l’ameublement de la liste des dĂ©rogations de droit concomitamment Ă  la nouvelle loi
  • sur la non-extension de la dĂ©rogation de droit Ă  d’autres secteurs
  • sur la limitation de cette dĂ©rogation aux Ă©tablissements du bricolage dĂ©jĂ  concernĂ©s par une ouverture du dimanche.

 Nous vous prions d’agrĂ©er, Monsieur le Directeur GĂ©nĂ©ral, l’expression de nos salutations distinguĂ©es.

Patrick ERTZ
Président CSFV CFTC

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