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Pendant ce temps en Afghanistan, les fillettes se vendent bien…

Qu’avez-vous prĂ©vu en juillet? Des vacances, le boulot au calme? La colo pour les enfants? Afasana, elle, va se marier, raconte El PaĂ­s. Son pĂšre lui a expliquĂ© qu’elle allait vivre un conte de fĂ©es, et que son futur Ă©poux Ă©tait une sorte de prince charmant. D’ailleurs il a 25 ans, ce qui est un Ăąge correct pour un prince.

Mais Afasana n’est pas trĂšs contente. Elle tente de forcer un sourire et dit: «Au moins, je vais manger deux fois par jour.»

Afasana a 8 ans. Avant la fin du mois, elle aura Ă©tĂ© vendue Ă  un inconnu de dix-sept ans de plus qu’elle, qui l’a achetĂ©e l’Ă©quivalent de 2.300 euros. Son pĂšre, Yasee, n’est pas bien fier: «Évidemment que je ne voulais pas le faire, mais depuis l’arrivĂ©e des talibans, j’ai perdu mon emploi de balayeur. Il a fallu quitter Kaboul pour cette zone isolĂ©e de la province de Kandahar, oĂč vivaient un de mes oncles et sa famille. Je devais obtenir un travail dans les plantations de pavot Ă  opium, mais le rĂ©gime a dĂ©crĂ©tĂ© que ce serait la derniĂšre cueillette, et il n’y a presque plus besoin de journaliers. Sans argent, nous n’avions pas d’autre solution.»

Yasee raconte que plusieurs prĂ©tendants se sont proposĂ©s et qu’il a pris le meilleur. Il n’est pas trop vieux, il est de bonne famille et il assure que la petite pourra aller Ă  l’Ă©cole. «Nous sommes tous tristes; Afasana pleure toutes les nuits. Tout ira bien si Dieu le veut.»

Compte tenu de l’ambiance pour les femmes et les filles en Afghanistan depuis l’avĂšnement des talibans, il semble que Dieu ait la tĂȘte ailleurs, et la vie ne s’annonce pas rose pour Afasana, qui selon toute probabilitĂ©s subira viols en chaĂźne et grossesses en sĂ©rie jusqu’Ă  ce que mort s’ensuive, dans un pays oĂč les femmes n’ont quasiment plus d’existence officielle autre que celle qui permet de les utiliser et de les punir, et oĂč elles sont rĂ©duites au statut d’objets.

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Vendue dĂšs 3 ans

Afasana joue avec Afshin, une fillette de 3 ans. Elle aussi a Ă©tĂ© vendue, mais elle ne le sait pas encore. Son pĂšre explique avoir contractĂ© des dettes et ĂȘtre menacĂ© de mort s’il ne les paie pas. Il doit l’Ă©quivalent de 4.700 euros. Alors il s’est rĂ©solu Ă  vendre une de ses filles.

Les mariages arrangĂ©s sont depuis longtemps une pratique courante dans de nombreuses rĂ©gions d’Afghanistan. La famille vend la petite trĂšs jeune, et dans le meilleur des cas, celle-ci ne quitte pas sa famille avant l’Ăąge de 15 ans. Selon l’ONU, 28% d’entre elles sont pourtant livrĂ©es avant. La vente d’enfants, y compris de garçonnets, avait dĂ©jĂ  cours avant l’arrivĂ©e des talibans. Dans la communautĂ© d’Afasana, plusieurs enfants sont Ă  vendre au plus offrant.

La famille Qurban vit dans la province de Helmand, non loin de lĂ . Rasua sort allumer le feu pour rĂ©chauffer une marmite de «aush goshti» (de la soupe Ă  la tomate). Afzal, sa fille de 4 ans, apparaĂźt et trempe un morceau de pain dans la casserole, qu’elle dĂ©guste assise Ă  cĂŽtĂ© de son pĂšre. «J’avais trop de dettes, je ne pouvais pas payer, se met-il Ă  raconter. Un jour, mon patron est venu, et il a choisi la plus belle. Il viendra la chercher bientĂŽt. Ce n’est qu’une question de temps.»

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