Voici quelques perles du texte d’appel :«[…]Les initiateurs de la manifestation du 2 novembre à Quimper ne portent pas les revendications des salariés.[…]»«[…]Pour autant, les actions violentes surmédiatisées ne relèvent pas d’un mouvement social de salariés…[…] »
On a bien compris qu’il y avait deux sortes de violences pour la CGT, la violence «légitime» des salariés qui peuvent séquestrer les patrons, démolir ou faire sauter les machines ou même brûler des usines (c’est arrivé en Lorraine il ny’a pas si longtemps) et toutes les autres violences qui seraient des violences «fachistes». Ben voyons.
Plus loin, les syndicats signataires voient une utilisation des salariés à des fins politiciennes. «[…]Les bourreaux sont aux commandes de cette manuvre et se servent de leurs victimes pour faire en même temps bouclier et bélier.[…] ».
On a bien compris : si c’est pas nous qui contrôlons le mouvement, c’est forcement les patrons … Ben voyons !
Dans un autre communiqué, voir le PDF, la CGT approuve l’écotaxe : «Comme toutes les taxes, si elles sont injustes pour ceux qui y sont contraints, celle-là a le mérite de faire payer ceux qui polluent le plus et détériorent le plus les routes qui sont des biens collectifs.»
Comme ils ne voient pas plus loin que le bout de leur nez et les leurs intérêts à courts termes, la CGT et autres signataires n’ont pas encore compris que c’est tous les Bretons y compris les salariés qui dans quelques années paieront, grâce aux portiques, un péage sur les 4 voies comme le font tous les Français dans le reste de l’hexagone pour les autoroutes.
Cette tentative de concurrencer la manifestation de Quimper qui s’annonce de grande ampleur (des cars sont affrétés un peu partout) est inédite et inattendue. Elle marque bien qu’il se passe des événements tout à fait particuliers en Bretagne. Le gouvernement socialiste ayant réussi à faire ce que personne n’avait réussi à faire depuis le CELIB, l’unité des Bretons contre les abus du centralisme parisien.
Dans le Monde daté du 31 octobre, Laurent Davezies, chercheur qui préconise la métropolisation et l’abandon des territoires qui coûtent trop cher, commente la situation bretonne et atttaque la décentralisation qui favoriserait «le populisme territorial». Il va jusqu’à écrire que «la capacité de réaction des Bretons est évidente : ils ont toujours été des pilotes en pratique de mobilisation collective en faveur du développement local. Par ailleurs, ils ont toujours eu des vrais problèmes de relation avec Paris et ont toujours négocié brutalement.»
«Populistes, brutaux et bourreaux», le débat politique semble très vivant, dès qu’il s’agit de parler de ce dont a peur.
Les organisations syndicales n’ont-elles pas peur de rendre plus voyant, ce que tout le monde sait sur leur perte inéluctable d’influence ? Rappelons que le sondage IFOP-Ouest-France du 26 octobre donne 74% des Bretons contre l’écotaxe (plus de 80% dans le Finistère et le Morbihan) et que si 85 % des Bretons n’ont plus confiance dans le gouvernement, ils sont 65 % à ne pas avoir confiance dans les syndicats. ■