Familles ! A vos poches !
Le Gouvernement vient de décider d’abaisser le plafond du quotient familial. Ce mécanisme fut instauré en 1945, dans le but de diminuer le montant de l’impôt sur le revenu des familles, en tenant compte du nombre d’enfants à charge.
Le principe était le suivant : à niveau de vie égal, taux d’imposition égal. Le quotient familial est donc une mesure visant à prendre en compte le niveau de charges de chaque famille afin que ceux qui élèvent des enfants ne soient pas défavorisés par rapport aux autres foyers fiscaux.
Né en un temps où l’on pensait qu’encourager la natalité n’était pas un gros mot et que protéger les familles avait un sens, le dispositif fut progressivement raboté avec une accélération ces derniers mois.
Passé de 2336 euros à 2000 euros en 2013, le plafond du quotient familial va être rabaissé à 1500 euros en 2014.
Rassurez-vous, braves gens qui avez charge de famille, cette décision ne concerne que les plus riches !
Telle est du moins la teneur du discours officiel…
Sans être particulièrement suspicieux, je vous invite à y regarder de plus près.
Prenons par exemple un couple avec 3 enfants, particulièrement bien nanti puisque gagnant chacun un salaire minimum appelé aussi SMIC.
Aujourd’hui, cette famille « opulente » n’est pas soumise à l’impôt sur le revenu. Demain, du fait de l’abaissement du plafond du quotient familial, elle le sera. C’est du moins ce que nous dit le Président de la Caisse Nationale des Allocations familiales dans les colonnes du « Parisien ».
Bien rodé, le discours officiel affirme que tout cela est bien peu, juste une petite perte de pouvoir d’achat de 64 euros en moyenne.
Peut-être que du côté de l’establishment qui pense et qui dépense, 64 euros ce n’est pas grand-chose ! Mais pour le citoyen d’en bas, ce n’est pas rien.
D’autant plus que ce sympathique et indolore prélèvement de 64 euros, correspond à une moyenne mensuelle, soit 768 euros par an ! Presque rien en somme !
Revenons à notre « richissime » couple de smicard et leurs 3 enfants.
Puisque dorénavant, impôts sur le revenu il paiera, un certain nombre de gratuité perdra ! Comme celle de la cantine ou des activités sportives pour les enfants.
Dans la réalité, c’est bien la classe moyenne, qui assure l’avenir du pays en élevant des enfants, qui devra passer à la caisse !
C’est bien normal nous disent certains, c’est le déficit de la branche famille qu’il s’agit de combler. Sauf que ce déficit est artificiel….
Depuis des années, du fait de sa bonne gestion, la Caisse d’Allocation Familiale est soit à l’équilibre, soit bénéficiaire, ce qui a conduit les politiques toutes couleurs confondues à venir allégrement y puiser en lui imposant de nouvelles charges, bien éloignées de la politique familiale comme, par exemple, le financement de certaines retraites.
Enlevons ces charges indues à la branche famille et adieu le déficit !
Inenvisageable ! Cela irait dans le sens d’une opération vérité sur les causes du déficit et, pourquoi pas, cesser toute relation économique avec les paradis fiscaux pendant que l’on y est !
À droite, la mesure fait figure de casus belli. Dans un rapport qui doit être présenté ce mercredi, le député LaREM Guillaume Chiche propose une refonte globale de la politique familiale qui passerait notamment par la suppression du quotient familial. Une préconisation-choc, à tel point que le co-rapporteur de la mission d’information, le député LR Gilles Lurton, a annoncé, ce mardi, qu’il s’en désolidarisait. «Supprimer le quotient familial, c’est une ligne rouge qu’il ne faut pas franchir», a déclaré le député d’Île-et-Villaine. «C’est la remise en cause d’un fondement de notre politique familiale qui veut qu’une famille qui a des enfants ne voit pas son niveau de vie diminuer par rapport à une famille qui n’en a pas.» Devant la presse, l’élu LR a par ailleurs glissé: «Si je retire ma signature, il n’y aura pas de rapport.»