Les Gilets jaunes : une manifestation des déficiences mais aussi de la nécessité des corps intermédiaires.

C’est un mouvement social puissant qui n’utilise pas la grève ni les défilés traditionnels (symbole du filtrage des ronds- points), plutôt pacifique même s’il n’échappe pas aux débordements violents, et surtout sans structure voire souvent dans le rejet de toutes formes de corps intermédiaires.
Au-delà du prix du gazole, fait générateur de la crise dite des « gilets jaunes », les origines profondes et lointaines de la crise sont le creusement des inégalités, le système fiscal et surtout le fait fréquent de ne pas pouvoir vivre dignement de son travail.
C’est la généralisation des réseaux sociaux qui a permis le déclenchement et le minimum de coordination d’un tel mouvement social sans leader et sans argent ; cela restera un fait historique.
Cette absence de coordination n’empêche pas de discerner les priorités exprimées par les Gilets jaunes : le pouvoir d’achat, la fiscalité jugée trop lourde et injuste, des inégalités provocantes et surtout la volonté d’être entendus.
Il faut bien admettre que les syndicats ont été tenus à l’écart d’un champ social qui est pourtant le leur.
Mais en même temps, les difficultés des Gilets jaunes à désigner des représentants pour dialoguer ont manifesté tout aussi clairement la nécessité des corps intermédiaires.
Par-delà ces quelques priorités apparentes, la multitude de revendications peut paraître éparpillée et parfois incohérente.
La CFTC s’inquiète des dérives qui pourraient naître de la volonté exprimée par les Gilets jaunes d’un rapport direct du citoyen et de l’Etat, sans intermédiaires entre les individus et l’Etat. Les éléments de langage de certains Gilets jaunes sont parfois les mêmes que ceux qui, au cours de l’histoire, ont conduit à des dérives d’essence totalitaire : anti élitisme, anti- parlementarisme, spontanéité émotionnelle, effets de foule, etc.

REDÉFINIR LE DROIT D’EXPRESSION COLLECTIF DES SALARIÉS
La CFTC soutient que les conditions dans lesquelles les salariés exercent leur travail et leur capacité à s’exprimer et à agir sur le contenu de celui-ci déterminent leur qualité de vie au travail. Elles déterminent également la performance globale de l’entreprise, donc sa pérennité.
Les évènements en cours montrent une évidence : un besoin d’expression des travailleurs et de nos concitoyens sur leurs réalités et difficultés quotidiennes que nous devons entendre et comprendre. Ce besoin d’expression se retrouve aussi à l’échelle de l’entreprise. Le code du travail prévoit depuis les lois Auroux de 1982, un droit d’expression directe et collective des salariés sur le contenu, les conditions d’exercice et l’organisation de leur travail. Ce droit d’expression prévu à l’article L2281-1 et suivants du code du travail est distinct du droit de la représentation du personnel.
Force est de constater que ce droit d’expression est très peu utilisé ou ne serait-ce qu’envisagé dans l’entreprise de manière formelle. D’un autre côté et bien plus récemment, l’une des ordonnances Macron a octroyé la possibilité aux entreprises jusqu’à 20 salariés de soumettre des projets d’accords à l’ensemble des salariés par le biais d’un référendum. Les salariés concernés se trouvent alors en capacité directe d’être source de normes applicables à l’entreprise. Lors de la concertation préalable aux ordonnances, la CFTC a indiqué qu’elle ne cautionnait pas ce principe pour le moins éloigné, sinon contraire, à l’objectif affiché de renforcer le dialogue social et ses acteurs. Elle estime que la production de normes doit demeurer de la seule responsabilité des organisations représentatives de salariés.
Pour autant, elle reconnaît qu’il est nécessaire tant pour l’employeur que pour les représentants du personnel de pouvoir bénéficier de l’expression de la communauté de travail pour réellement comprendre ses besoins et contraintes. Cela doit permettre aux élus dans l’entreprise de construire par accord avec l’employeur, les normes adaptées car nourries d’une réelle « approche terrain ».
La CFTC est donc favorable à la rénovation du droit d’expression directe et collective des salariés dans le sens d’une effectivité et d’une utilité à tous les acteurs de l’entreprise (salariés, organisations syndicales, employeur). Elle considère que la loi doit effectivement permettre aux organisations de s’appuyer, d’alimenter leur base de dialogue, de négociation par les perceptions et avis de la collectivité des salariés. Un temps d’échange et de débat en amont de la fixation de l’agenda social de l’entreprise permettrait par exemple de nourrir celui-ci des thématiques qui préoccupent les salariés.

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