Elections: les salariés n’ont plus leur mot à dire
Lors de l’avant dernière réunion de négociation sur la mise en place des CSE, la CFTC n’a pas réussi à faire valoir son point de vue et on comprendra vite pourquoi. Nous avions proposé qu’une présélection des représentants de proximité soit faite par les salariés des sites afin que des personnes qu’ils connaissent bien et qui se sont toujours manifestées en les conseillant ou les aidant puissent être choisies par leurs soins. Nous avions élargi ce choix en indiquant que les candidats pourraient être « libres » c’est-à-dire : ne pas être présentés par un syndicat. Un nombre de personnes auraient ainsi été choisies par les salariés. Vous comprendrez aisément que la volonté première de la CFTC était de donner le libre choix aux salariés. Les membres élus du CSE auraient ensuite choisi parmi cette présélection leurs représentants de proximité.
Eh bien non! Cela ne sera pas ainsi puisque 3 syndicats (CGT-CFDT et CGC) ont refusé ce mode et décidé de choisir eux-mêmes les représentants de proximité. Ce choix s’effectuera en proportion des voix obtenus. Ainsi si un syndicat obtient 50%, il aura la préférence de nommer 50% des représentants de proximité. Les salariés des sites n’auront rien à dire. Ce sera comme ça !
Rappelons quand même ce que la direction avait annoncé en autorisant des représentants de proximité :
Article 72 – Mise en place des représentants de proximité
Des représentants de proximité sont mis en place au sein de chaque établissement. Au sein de chaque établissement, est désigné environ un représentant de proximité pour 30 salariés en CDI.
Article 73 – Attribution des représentants de proximité. Les représentants de proximité sont reconnus par les membres du CSE, par la direction, par les managers et par les collaborateurs de l’entreprise comme des interlocuteurs privilégiés d’un nombre limité de collaborateurs (entre vingt et trente collaborateurs), sur un périmètre géographique défini. Ils interviennent dans les domaines suivants :- Santé, sécurité et conditions de travail sans toutefois empiéter sur les prérogatives des membres de la CSSCT de l’établissement,(Exemple de thématiques : entretien des locaux, ergonomie des postes de travail, de visites des locaux ou des centres d’affaires, enquêtes sur les conditions de travail, détection et résolution des conflits et des comportements hostiles au travail …).- Prévenir les situations de harcèlement,- Identifier les charges de travail excessives,- Préconiser des améliorations dans l’organisation du travail,- Recommander des actions de nature à améliorer la qualité de vie au travail,- Améliorer et faciliter la communication interne. Les problématiques non confiées aux représentants de proximité, seront portées par les membres de la CSSCT du CSE de l’établissement.
Article 74 – Lien entre les représentants de proximité et les Comités Sociaux et Economiques d’établissement.Les salariés pourront communiquer aux représentants de proximité les questions, les réclamations ou le partage de situations, en rapport avec leur environnement professionnel. A cette fin, chaque salarié sera informé du ou des représentants de proximité le plus proche de lui, suite à leur désignation.
Lorsqu’un problème est exposé au représentant de proximité, il sollicite la personne qu’il estime compétente afin d’y répondre. Les personnes compétentes en premier lieu sont les membres du management local, puis dans un second temps la direction des ressources humaines concernée. Le représentant de proximité qui estime que le point doit être partagé ou escaladé au niveau du CSE, prend contact avec un membre référent du comité. Le membre référent du CSE contacté par le représentant de proximité peut décider de résoudre la situation et / ou de demander à ce que le point soit portée à l’ordre du jour du CSE, dans le cadre des questions et réclamations sociales.
Sauf questions et réclamations présentant un caractère d’urgence appréciée par la direction et le secrétaire du CSE, les questions et réclamations sociales portées sont transmises à la direction cinq jours au moins avant la réunion plénière du comité, de façon à permettre à la direction d’y apporter une réponse.
Comme aime à dire le DRH : Oui mais il y a la vraie vie…
Sommes nous assez bêtes pour croire que des salariés vont aller se confier à des personnes qu’ils n’ont pas choisies, en qui ils n’ont pas confiance et qui ont été nommées par Paris..?
Quelles belles réflexions prémonitoires n’avons nous pas entendues :
la CFDT- Il faudra qu’ils prennent leur carte !
La CFE-CGC- Nous ne voulons pas des candidats libres, on veut des syndiqués !
Seule la CGT CS&MPS s’est montrée plus modérée et a regretté le refus de la direction de donner un statut protecteur à des candidats qui se présenteraient.
La déléguée CGT DS a, quant à elle, pris à partie un représentant de la CFTC qui défendait vainement cette liberté de choix en lui indiquant :
«qu’elle en avait marre et qu’elle allait lui péter la gueule ».
Un dérapage qui n’étonnera personne !
Combien de fois avons-nous dénoncé tous les actions mises en place par des managers afin de faire taire les salariés des sites de province; les DP devaient se battre pied à pied pour réussir à faire bouger les choses.
Maintenant, le « garde à vous » sera de rigueur et il faudra souffrir en silence. Comme à l’armée que l’on surnomme « la grande muette »…
Rien ne pourra avancer parce que la cohésion entre les salariés et ceux qui portent leurs problèmes nécessitent une totale confiance et cette confiance, c’est en travaillent aux côtés de chacun et en ayant fait ses preuves qu’elle existe.
Nous ne signerons pas cet accord. Nous respectons trop la valeur humaine et ce qui lui est attaché. Nous refusons que l’on puisse nous associer à ce qui va advenir. Nous laissons ce rôle aux signataires. Les salariés jugeront mais trop tard.
C’est la mode en ce moment !