Quelles sont les nations les plus pollueuses du monde?
Steve Tenré – Le Figaro – jeudi 22 août 2019
La branche indienne de Greenpeace a récemment mis en ligne un rapport et une carte interactive listant les principaux foyers de dioxyde de soufre (SO2), l’un des gaz responsables de la pollution atmosphérique. L’Inde, la Chine et la Russie figurent sur le podium des pays rejetant le plus de SO2.
À elle seule, l’Inde est responsable de 15% des émissions mondiales de dioxyde de soufre causées par l’Homme. C’est du moins ce que révèle une nouvelle étude de la branche indienne de Greenpeace, qui a publié dimanche 18 août un planisphère interactif se fondant sur les données satellitaires de la NASA. L’organisation non gouvernementale de défense de l’environnement a également mis en ligne un classement des pays les plus pollueurs de la planète.
Pour rappel, le dioxyde de soufre est l’un des principaux polluants atmosphériques. Couplé à d’autres gaz, son impact accroît le risque de cancers, de maladies cardio-vasculaires et cardio-pulmonaires. La pollution atmosphérique contribue aussi à une baisse de la fertilité, à une augmentation de la mortalité infantile et à un affaiblissement du système immunitaire. Selon des données de l’OMS datant de 2018, 7 millions de personnes par an, dont 600.000 enfants, meurent de la pollution.
La carte de Greenpeace Inde, visible ci-dessus, pointe avec précision les principaux foyers de SO2. L’ONG a représenté par différents symboles les centrales à énergies fossiles, les raffineries et les industries, et a classé avec des couleurs allant du jaune au violet les différentes zones de pollution. En résultent quelques foyers de SO2 en région parisienne et dans le nord-est de la France.
En Russie, le complexe le plus polluant au monde
Mais c’est en Russie que se trouve l’installation la plus polluante de la planète, avec le complexe métallurgique de Norilsk. Situé au-delà du cercle polaire, le site a été fondé dans les années 1930 par Staline pour exploiter les minerais de Sibérie. Aujourd’hui plus grand centre industriel métallurgique au monde, il rejette des millions de tonnes de dioxyde de soufre. Selon le rapport de Greenpeace, Norilsk comptabilise 50% des émissions russes de SO2.
À la deuxième place des installations industrielles les plus polluantes se trouvent les centrales à charbon de Mpumalanga, en Afrique du Sud. Le complexe pétrochimique de l’entreprise Zagroz, en Iran, occupe la troisième marche du podium. Précisons qu’il faut remonter à la 109e place du classement pour trouver les premiers établissements français: les raffineries françaises de Lavéra, Fos et Châteauneuf-les-Martigues (Bouches-du-Rhône). Attention toutefois: si la plupart des données du rapport de Greenpeace Inde sont datées de 2018, sur la carte figure encore la centrale française de Porcheville, pourtant fermée par EDF en 2017.
La Chine et les États-Unis en nette amélioration
Dans son rapport, Greenpeace Inde en a également profité pour distribuer aux pays les bons et mauvais points. L’Inde est particulièrement pointée du doigt comme étant la nation la plus pollueuse de la planète, ayant rejeté en 2018 4586 kilotonnes de SO2. La Russie suit de près la nation d’Asie du Sud, puisqu’elle en a émis 3683 kilotonnes. En troisième position, la Chine, avec 2578 kilotonnes. Le Mexique, l’Iran, l’Arabie Saoudite, l’Afrique du Sud, l’Ukraine, les États-Unis et la Turquie complètent le top 10 des nations les plus émettrices de SO2. La France ne figure pas dans le top 20.
À la page 6 du document, l’on peut également constater que si l’Inde est sur une pente ascendante depuis 2008 concernant l’émission de dioxyde de soufre, la Chine et les États-Unis diminuent leurs rejets d’années en années, passant, pour la Chine, de plus de 20.000 kilotonnes dans les années 2000 à, comme dit précédemment, 4586 kt en 2018. «Parmi les principaux émetteurs de SO2, la Chine et les États-Unis ont réussi à réduire rapidement leurs émissions (…) grâce aux énergies propres», peut-on ainsi lire dans le rapport. L’Afrique du Sud, la Turquie, le Mexique, l’Iran et la Russie restent stables.
Comme le rappelle Le Monde, la Chine, les États-Unis et plusieurs pays européens ont d’ores et déjà pris des dispositions légales visant à limiter ou à réduire les émissions de dioxyde de soufre rejetées par les industries. D’autres pays, comme l’Australie, n’ont mis aucune législation en œuvre.