Souffrance au travail, ne restez pas seul(e)s
Pour la CFTC, le travail est un moyen d’épanouissement et d’accomplissement. Il permet à la personne de construire sa vie. Alors, quand, pour des raisons indépendantes de sa volonté, le salarié se rend soudain au travail « à reculons », parce que la motivation n’est plus là, ou, pire, qu’il a peur, il faut agir.
Aller travailler dans ces conditions n’est pas admissible. Si vous avez, en tant que salarié, des devoirs, vous avez aussi des droits.
Osez vous tourner vers les personnes qui les connaissent et vous aideront à les faire respecter.
Taire votre mal-être n’est pas la solution. Le problème persistera. S’il s’agit d’un problème relationnel, il y a de fortes probabilités qu’il dégénère. Surtout, vous taire est dangereux pour votre santé. Cela peut engendrer déprime, insomnies chroniques, anxiété… mais aussi un risque plus élevé d’accident du travail ou de pathologie lourde. Stop ! Il vous faut réagir.
Étape 1 : sortir de l’isolement
Le premier pas est toujours le plus dur à accomplir. Lieu commun ? Pas le moins du monde. Le plus difficile reste la prise de conscience du caractère inacceptable de la situation de travail – c’est flagrant dans les cas de harcèlement où ce sont bien souvent la famille ou les proches du salarié qui lui font réaliser la violence de ce qu’il subit. « De quoi avons-nous peur ? », s’interrogeait ainsi Marie Pezé, psychologue, initiatrice de la première consultation « Souffrance au travail », dans une conférence donnée à Paris le 26 juin. « Interrogeons-nous sur la manière dont nous avons été infantilisés, la façon dont cette peur a été construite et cette passivité implantée pour trouver les moyens de nous en sortir.»
Étape 2 : rencontrer les bons interlocuteurs
Le tout est d’identifier ensuite les personnes ressources, celles qui vont vous accompagner. Si votre entreprise est pourvue de représentants du personnel, il vous suffit d’aller à leur rencontre. Pourquoi eux ? Parce que, premièrement, ils connaissent vos droits. Des droits fixés par la convention collective de votre secteur d’activité, par la loi. Ils sont les plus à même de vous éclairer sur ces points. Et, au-delà, parce qu’aujourd’hui, en cas de conflit, de souffrance au travail, il est devenu nécessaire de maîtriser les recours à la fois juridiques, administratifs et médicaux. Les représentants du personnel détiennent ces informations. Ils vous indiqueront la démarche à suivre, pour que vous ne vous perdiez pas dans les méandres des procédures, et ils agiront en parallèle, de concert avec vous.
Par exemple, ils possèdent un « droit d’alerte » sur les situations de travail présentant un danger, physique ou moral, comme sur toute mesure discriminatoire. Ils connaissent le droit du travail ; ils savent, par exemple, comment et quand déclarer un accident du travail. Ils connaissent les termes des accords d’entreprise qu’ils ont peut-être négociés en qualité de délégué syndical. Savez-vous que ce sont les CHSCT (comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail), avec l’appui des syndicats, qui ont contribué à faire progresser vos droits en obtenant, depuis 2002, une large jurisprudence sur les conflits au travail ? Les CHSCT ont disparu, remplacés par les CSSCT, raison supplémentaire de vous faire aider.
Parmi les représentants du personnel, privilégiez la CFTC. La raison en est toute simple : c’est la seule organisation syndicale qui a fait le choix de la personne avant tout. Pas de prérequis idéologique, donc, mais une écoute et une adaptation à votre situation particulière ; pas d’opposition systématique, criarde et stérile, mais la recherche d’un dialogue, à défaut, d’une résolution du problème dans le respect de la dignité de chacun.
Que faire dans une PME, sans représentants du personnel ?
Ne baissez pas les bras, en vous disant que votre entreprise est trop petite ! Allez chercher le soutien dont vous avez besoin un peu plus loin. Dans votre département, il existe une union CFTC, où des militants vous recevront. Vous pouvez aussi vous adresser à la fédération CFTC de votre secteur d’activité, via le syndicat le plus proche. Dans l’intervalle, n’oubliez pas de demander une consultation à votre médecin du travail. Il est indépendant de votre entreprise et ce que vous lui direz restera confidentiel. Néanmoins, ce geste permettra « l’ouverture du dossier ».
Faire appel à un syndicat n’est pas une déclaration de guerre lancée à votre employeur, bien au contraire. C’est oser gérer une situation de crise ou de mal-être, sachant que celle-ci ne se dissipera pas seule et que l’affect n’est pas bon conseiller en la matière. La CFTC vous présentera les possibilités qui s’offrent à vous, sans jamais opérer de choix à votre place.