Grève : l’Unsa et la CFDT prêtes à sauter du train

Libération Par Franck Bouaziz

Alors que l’exécutif a accepté leurs amendements au Sénat, les deux syndicats devraient appeler à sortir du conflit. Mais attendent la fin de la procédure législative, le 13 juin, pour sauter le pas.

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Sortira, sortira pas de la grève débutée le 3 avril ? La question agite le gouvernement, la direction de la SNCF, les quatre organisations syndicales de l’entreprise (CGT, Sud, Unsa, CFDT) ainsi que les parlementaires qui examinent le projet de loi sur la réforme ferroviaire. A Saint-Denis, près de Paris, au siège social de l’entreprise publique, l’affaire semble tranchée : «La question n’est pas de savoir si la grève est terminée, mais à quelle date elle va s’achever», analyse un haut dirigeant. Presque au même moment, dans la nuit de jeudi à vendredi, les sénateurs avancent d’une case vers la fin du conflit. Ils adoptent une série d’amendements qui retouchent sérieusement la première mouture du texte votée par l’Assemblée nationale.

Besace

Quelques jours auparavant, des représentants de la CFDT et de l’Unsa débarquaient au Sénat avec des projets d’amendements dans leur besace. Reçus par Hervé Maurey, le président centriste de la commission de l’aménagement du territoire, et Gérard Cornu, le rapporteur LR du texte. Les suggestions des syndicalistes sont non seulement écoutées, mais entendues. Sur les conséquences de l’ouverture à la concurrence notamment, les sénateurs adoucissent le texte. Dans le cas où la SNCF perd un appel d’offres sur une ligne régionale au profit d’un autre opérateur, la plupart des cheminots ne seront pas obligés d’aller travailler chez le nouvel exploitant. Mieux : ceux qui choisissent d’être transférés et regrettent ensuite leur décision pourront retourner à la SNCF si un emploi similaire est disponible.

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Lors de l’examen de ces dispositions, le vote passe comme une lettre à la poste et la ministre des Transports, Elisabeth Borne, donne un avis favorable. Les conditions semblent donc réunies pour une sortie de crise, en tout cas pour l’Unsa et la CFDT. Au moment du vote du Sénat, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, estime ainsi qu’«à un moment, il faudra passer à autre forme de mobilisation, c’est-à-dire la construction d’un accord d’entreprise». Et, une fois le texte adopté, Roger Dillenseger, le patron de l’Unsa ferroviaire, fait preuve d’optimisme : «Nous avons eu des avancées. Nous sommes dans un moment important du mouvement», indique-t-il à Libération. Pour Patrick Jeantet, le PDG de SNCF Réseau (propriétaire des 30 000 km de voies ferrées), «deux des syndicats ont accepté la main tendue du gouvernement. Il n’y a plus de raison de faire grève».

Agenda

De la coupe aux lèvres, il reste néanmoins un peu de chemin. D’abord parce que cette loi doit être finalisée devant une commission mixte paritaire (CMP) composée de députés et de sénateurs. Une étape indispensable – qui interviendra le 13 juin – pour harmoniser les modifications apportées par le Sénat après le vote de l’Assemblée. D’ici là, aucun syndicat, même le plus ouvert à une sortie de crise, ne veut bouger, par crainte d’une modification de dernière minute devant la CMP. Ensuite, c’est à qui acceptera d’appeler en premier à la fin de la grève. Le rôle semble taillé sur mesure pour l’Unsa, deuxième organisation syndicale de la SNCF. Elle voudrait cependant éviter de sortir du conflit seule, et compte sur la CFDT pour l’accompagner. Reste que tous les syndicats ont en tête la suite du calendrier. En novembre, des élections professionnelles sont programmées à la SNCF, et le positionnement de chacun sur la grève aura forcément un impact. Les syndicats qui sortiront les premiers du conflit craignent de le payer dans les urnes.

Le vote définitif du texte ne signifie pas pour autant que les négociations sont terminées. La fin du statut des cheminots, au 1er janvier 2020, suppose qu’à cette date une convention collective soit prête pour tous ceux qui seront recrutés à la SNCF et dans les autres entreprises ferroviaires qui opéreront en France. Ce document devra préciser les conditions de rémunération, les déroulements de carrière ou encore le temps de travail. Et ce pour les dizaines de métiers que compte le transport ferroviaire. Les syndicats ont intégré cet agenda et savent qu’ils seront aussi jugés sur les acquis de cette convention collective au regard de ce qu’offrait le statut historique des agents de la SNCF. Le retour au calme social dans le rail français risque de se faire davantage à l’allure d’un train Corail que d’un TGV.

Franck Bouaziz

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