Edito de Philippe LOUIS
Mieux protéger les salariés
19 septembre 2011
Plus les entreprises parlent de leur responsabilité sociale, la fameuse RSE, moins elles l’assument. Cette notion, qui définit les responsabilités des entreprises à l’égard de ses parties prenantes (les salariés pour ce qui nous concerne), est devenue partie intégrante de la stratégie de communication, mais n’est pas le reflet d’une réelle volonté d’amélioration des conditions de travail, de l’emploi et du pouvoir d’achat. Il suffit, pour s’en rendre compte, d’aller sur les sites Internet des grands groupes.
Au lieu de parler de RSE, les entreprises feraient mieux de la mettre en pratique. La responsabilité des entreprises est de créer de la richesse et de la répartir équitablement entre la rémunération des facteurs de production (le travail et le capital) et l’investissement productif afin d’assurer leur pérennité, leur développement et l’innovation en vue de la création d’emplois. Or, force est de constater aujourd’hui que cette responsabilité n’est pas remplie, que la richesse est détournée au profit du capital et des placements financiers au détriment de toute autre considération, et que le risque économique et social qui découle de telles pratiques est supporté essentiellement par les salariés qui, lorsqu’ils perdent leur emploi, perdent quasiment tout. Voilà pourquoi la crise que nous traversons depuis 2008 est si difficile à surmonter.
Ainsi, pour mettre en pratique la RSE, pourrait-on imaginer de créer un dispositif qui oblige les entreprises à provisionner le risque social. Il pourrait s’inspirer de celui qui existe dans le BTP et qui permet de continuer à rémunérer les salariés lorsque des intempéries imposent une cessation d’activité. Il s’agirait, là, de prémunir les salariés contre une crise économique et ses conséquences. En compensation, cette provision ne serait pas soumise à l’impôt sur les sociétés. Cette caisse serait gérée paritairement, c’est-à-dire à parts égales par la direction de l’entreprise et les représentants des salariés. Comme on le voit, les idées ne manquent pas, encore faut-il pouvoir les discuter, les améliorer et les concrétiser. D’où notre proposition de créer un comité paritaire permanent du dialogue social dont ce sera la raison d’être.
Philippe Louis,
Secrétaire général